La Grande fatigue
Dernier jour de février. Entrée timide en mars. Montagnes de neige. Restes de rhumes. Voitures qui toussent. Portes qui grincent. Grande fatigue.
Ceux qui sont allés passer une pauvre semaine dans le Sud ont déjà perdu leur bronzage. Certains se remettent à peine de leur tourista.
La semaine de relâche n'a pas été très reposante, ni pour les enfants écartelés devant la quantité d'activités proposées, ni pour les parents trimballés par les enfants, ni pour les professeurs encombrés de corrections et de préparations.
Les fleurs sont fanées, mais les chocolats de la Saint-Valentin ne sont pas encore tous mangés que déjà s'accumulent ceux de Pâques.
Grande fatigue.
Février fini, il faut préparer le grand ménage du printemps. On aurait besoin de dormir, mais l'heure va changer, on va perdre une heure de sommeil. On aurait besoin de se reposer, mais l'été s'en vient, il faut penser à commander les plants de tomates, à préparer l'aménagement paysager, et puis est-ce qu'on va repeindre la maison ce printemps?
L'hiver a été mauvais. Tous ces jours de classe manqués, il va falloir songer à les reprendre...
Il est lourd le manteau, elles sont lourdes les maudites bottes, mais il fait encore bien froid, pas question de se découvrir d'un fil.
Quand donc viendront les jours de repos? Jusqu'où peut-on accumuler de la fatigue? Il faudrait le demander au personnel des hôpitaux...
Dernier jour de février. Entrée timide en mars. Montagnes de neige. Restes de rhumes. Voitures qui toussent. Portes qui grincent. Os qui craquent.
Grande fatigue.
7 commentaires
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Le commentaire de Richard nous rapproche beaucoup d'un poète que j'aime beaucoup et qui, au surplus, connaissait notre région: il passait des parties d'été à Cacouna. Si Émile Nelligan (1879-1941) était venu ici en hiver, je ne sais pas ce qu'il aurait écrit!!!
Voici donc ce poème intitulé
SOIR D'HIVER
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A la douleur que j'ai, que j'ai !
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : Où vis-je ? où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A tout l'ennui que j'ai, que j'ai !...
De la neige.
De la poudrerie.
Du froid qui nous pique le visage.
Du vent qui nous traverse les os.
Des tempêtes si rapprochées cette année.
Des trottoirs aussi glacés que les patinoires.
J’ai de la nostalgie pour ces belles journées de canicule de l’été passé, alors que tant de gens se plaignaient de la chaleur… On était pas mal mieux, me semble….
Pensez pas?
Je me trouve pas mal niaiseuse là... J'ai toujours pensé que ce beau poème était de celui qui l’avait mis en chanson… Claude Léveillée. Merci de me remettre à jour... combien d'années plus tard?
SOIR D'HIVER
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma cours est remplie de neige et de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu'est-ce que le spasme de la pelle
A la douleur que j'ai, que j'ai !
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est également gelé : Où vis-je ? où vais-je ?
Quand dégèlera t-elle?
Ou les blonds ciels sont-ils allés.
Pleurez, en février
Vous vous lamenterez en mars
Mars, mois de neige
Ah que la neige neigera encore
Ah ! comme la neige a neigé !
Quand cela finira t-il?
Ah! comme la neige a neigé!
Je suis écoeuré, écoeuré, écoeuré!
"30 janvier 1919 - La tempête de vendredi dernier.
Nous avons eu vendredi dernier une tempête de neige telle, que les vieillards avouent n’avoir jamais vu un ouragan de neige et de vent aussi formidable. Il ne faisait pas bon vendredi matin aller sur la rue et c’était tout un calcul pour les piétons de se frayer un chemin à travers les bancs de neige. Ceux qui tenaient à leur peau rebroussaient chemin, tandis que ceux, qui persistaient à poursuivre leur course en dépit des traitres coups de vent, qui menaçaient de tout emporter, ont regretté vite leur folle témérité et ont songé à dire leur acte de contrition, au cas où ils resteraient, sans secours et sans espoir, au fond de cette montagne de neige. Cette tempête a eu pour effet de retarder l’arrivée des convois et de nous priver de la lecture des journaux pendant deux jours. Espérons que c’est la dernière de ce genre que nous aurons cette année."
À quand le vrai réchauffement climatique?