La vraie Bourse des valeurs
J'ouvre une boîte entreposée depuis longtemps. Je ne sais pas ce qu'elle contient : peut-être des trésors? Bien plus probablement un tas de vieilleries inutiles que j'aurais dû jeter il y a belle lurette.
Qu'est-ce que je trouve? Des recueils de travaux imprimés après certains de mes cours, surtout des cours d'été en poésie. Des cahiers de travaux présentés à la suite de sessions de perfectionnement. Des notes de cours. Une carte reçue par ma femme le lendemain du jour où elle avait joué 89 au golf. Un programme de la « Fête de la reconnaissance » pour l'année où j'ai pris ma retraite du cégep. Des cartes du ciel pour ma femme et moi, soigneusement dessinées et annotées par une amie férue d'astrologie. Une carte d'invitation pour le lancement de mes Contes et menteries du Bas-du-Fleuve, avec un signet. Une recette de bouillabaisse « facile et délicieuse ». Plusieurs porte-clefs. Plusieurs macarons. Le dernier numéro publié du journal Le Saint-Laurent. Une feuille pleine de chiffres dont j'ignore totalement ce qu'ils signifient. Et encore des tas de papiers, objets, documents sans aucun intérêt pour d'autres que ma femme et moi. Mais pour nous plusieurs de ces choses ont une valeur sentimentale. Elles représentent de précieux souvenirs.
Beaucoup, beaucoup de choses sont comme ça, dans la vie. Pas de valeur monétaire ou matérielle, mais une richesse humaine incalculable. Chaque homme, chaque femme a son propre système bancaire, sa propre tirelire virtuelle, sa propre « bourse des valeurs ». Et ces systèmes individuels sont bien plus importants que les mécanismes reconnus des grands régimes politiques. Nos souvenirs sont bien plus importants que les monnaies, les métaux, les codes, les cotes.
Nous avons chacun notre « bourse des valeurs », bien plus réelle et bien plus solide que tous les Wall Street du monde! Quelqu'un dont j'ai oublié le nom disait : « On peut m'enlever tout mon argent, tous mes biens, je peux même perdre ma liberté et ma santé, mais rien ne peux m'ôter mes connaissances et mes souvenirs. Tant que je pourrai me rappeler des moments heureux, je pourrai me reconstruire du bonheur ».
2 commentaires
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Mais j’ai sorti, pour m’amuser, quelques citations sur ces souvenirs.
« Quand tout est dit et fait, ce sont les souvenirs que nous gardons à jamais »
Jeffrey A. Goodman
« Malheureux, qui ne peut se réfugier dans ses souvenirs »
Jacques Chardonne
« Notre richesse, ce sont nos souvenirs »
François Hertel