Le 15 novembre 2017
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ACTUALITÉ
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Au même titre que les autres participants,
l’étudiante de cinquième secondaire a présenté
un texte de fiction sur le thème de l’alimentation
en y intégrant une série de mots parmi ceux pro-
posés. Marjorie Plourde s’est distinguée dans la
catégorie 5e secondaire avec un texte intitulé «Le
début de la faim» que l’on peut lire un peu plus
loin.
Cette reconnaissance lui a été remise à l’occa-
sion du Salon du livre de Rimouski le 4 novembre
dernier. Il s’agissait de la 11e édition du concours
de «L’écorce fabuleuse», maintenant devenu les
Prix de la relève littéraire du Bas-Saint-Laurent,
présenté par le Carrefour de la littérature, des
arts et de la culture (CLAC) Mitis.
Notons également que Thomas Michaud , étu-
diant de 1re secondaire à l’École secondaire de
Dégelis, est le gagnant du stage d’une journée en
écriture numérique à ICI Radio-Canada -
Rimouski.
TEXTE DE FICTION DE MARJORIE PLOURDE :
LE DÉBUT DE LA FAIM
Un autre repas que je ne verrai pas. D’autres
saveurs que je ne goûterai jamais. Une pilule con-
tenant tous les nutriments nécessaires pour survi-
vre à la journée dans une main et un verre rempli
d’un liquide douteux dans l’autre, je ferme les
yeux et je m’apprête à avaler mon seul et unique
repas. C’est devenu coutume pour moi, mais par-
fois j’aimerais revenir en arrière. J’ai oublié le goût
des aliments frais dans ma bouche. J’ai oublié
comment on attendait avec impatience le temps
de la récolte pour pouvoir savourer des légumes
fraîchement cultivés. J’ai oublié qu’auparavant
d’autres êtres vivaient aussi sur cette planète. J’ai
oublié qu’on pouvait jadis se désaltérer d’une eau
pure et limpide. J’ai oublié tant de choses, mais je
n’ai jamais oublié la Terre, notre mère nourricière,
comme vous, vous l’avez fait.
L’humanité a fait un choix très important. Elle
a choisi de détruire la planète afin d’obtenir de
simples bouts de papier qu’on appelle « argent ».
J’ai bien peur qu’elle ait fait le mauvais choix.
Lorsque que nous avons enfin réalisé que l’argent
ne se mangeait pas, nous n’avons même pas
tenté de changer le sort de la planète. Nous
l’avons simplement abandonnée. Nous l’avons
regardée mourir à petit feu sous nos yeux. Je me
rends compte à quel point nous sommes des
êtres égoïstes. Je croyais que nous, habitants de
la Terre, allions sonner l’alarme bien plus tôt.
Maintenant, croquer dans une pêche juteuse,
humer l’odeur d’une rôtie au petit matin et con-
templer une assiette colorée ne sont que de loin-
tains souvenirs.
Lorsque nous devions réduire la pollution
émise, nous ne l’avons pas fait. Lorsque nous
devions tenter de préserver les ressources fragi-
les qu’il nous restait, nous ne l’avons pas fait.
Nous devions nous entraider, nous devions être
solidaires. Nous l’avons été, à une lettre près.
Nous étions si près du but, nous aurions pu réus-
sir à sauver notre joyau. Au lieu de cela, nous
l’avons noyé dans l’essence et nous avons rasé
ses poumons. Si près du but et pourtant si loin.
Les gens que je côtoie disent que je suis irréa-
liste et ils ont sûrement raison, mais pourquoi
blâmeraient-t-ils une jeune fille parce qu’elle se
permet de rêver que les choses auraient pu être
bien différentes? Parfois j’aime imaginer que
cette pilule que je prends chaque matin est une
pomme bien mûre que j’ai cueillie le jour même,
mais à chaque fois la réalité me rattrape, le
cachet redevient un simple cachet. J’aimerais tant
pouvoir déguster, goûter et me délecter, au
moins une dernière fois, d’un bon repas et cette
fois, je prendrais le temps de l’apprécier.
Aujourd’hui, c’est l’un de ces matins où je me
permets de rêvasser. Je prends une grande inspi-
ration et j’avale la pilule. C’est tout ce que j’aurai
pour la journée, mais ce n’est jamais assez. Je
voudrais plus, beaucoup plus. J’ouvre les yeux, je
me regarde dans le miroir. Je fais un léger sourire.
Je ne souris pas parce que je suis heureuse. Je sou-
ris parce que le peux encore. Je ne sais pas si
demain je le pourrai toujours, mais aujourd’hui, je
remercie la Terre de me permettre de vivre une
autre journée à ses côtés. C’est le début de la
faim, mais j’espère encore.
Marjorie Plourde se distingue dans un concours d’écriture sur l’environnement
De gauche à droite: Diane Dubé, coordonnatrice régionale de Télé-Québec, Marjorie Plourde,
lauréate et Nancy Bérubé, enseignante en français à École secondaire de Cabano.
PHOTO : MATHIEU GOSSELIN
•
[email protected]MARIO PELLETIER
Marjorie Plourde de l’École secondaire de
Cabano est lauréate de la Bourse d’écriture
de Télé-Québec dans le cadre du concours
«L’écorce fabuleuse» qui a pour objectif
premier de sensibiliser les jeunes à diffé-
rentes problématiques environnementales.
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