Redonner le sourire, un dépannage alimentaire à la fois
L’entrée du Centre Premier Tech, maintenant désertée par les amateurs de sports accueille désormais un tout autre genre d’activités. Le Carrefour d’initiatives populaires de Rivière-du-Loup y a installé son quartier général de dépannages alimentaires d’urgence. Les machines à popcorn et comptoirs remplis de friandises sont maintenant remplacés par des tables pleines de paniers contenant pâtes, céréales, sauces et autres aliments de base. L’équipe du Carrefour est en action pour préparer les dépannages alimentaires et mettre un peu de soleil dans la journée de ceux qui passeront ramasser leurs denrées dans l’après-midi du 1er mai.
Les besoins sont criants : les demandes de dépannages alimentaires d’urgence en avril ont plus que doublé comparativement à l’année dernière, passant de 62 à 174. En collaboration avec d’autres organismes sur le territoire de la MRC de Rivière-du-Loup, le Carrefour d’initiatives populaires offre aussi la livraison pour ceux qui ne seraient pas en mesure de se déplacer au Centre Premier Tech. Les nouveaux locaux temporaires permettent à l'organisme de suffire à la demande.
VULNÉRABILITÉ
L’éducateur au CLSC de Saint-Épiphane, Pierre Sénéchal, va livrer des boites de dépannage alimentaire aux familles sous sa responsabilité qui en font la demande. Les 16 familles présentant des facteurs de vulnérabilité accompagnées par M. Sénéchal ont toutes vécu un bris de normalité aux impacts différents. La perte d’emploi, le fait que les enfants ne fréquentent plus l’école et l’isolement ont créé de la désorganisation au sein des cellules familiales.
«Certaines familles vivent à une paye près d’avoir des problèmes (…) Quand je vais leur livrer les boites, pour certains, c’était vraiment le temps que j’arrive. C’est abondant, ce sont des aliments frais. J’ai aussi eu des appels téléphoniques de personnes qui n’avaient plus de dossier actif avec moi, que j’avais accompagnées dans le passé. Elles avaient besoin d’aide et j’étais leur point de contact», explique-t-il. Ce dernier fourni aussi des recettes qu’il insère dans le panier pour les aider à cuisiner avec les aliments reçus. «J’arrive, je me trouve devant un frigidaire vide et un très haut niveau d’anxiété. Quand je repars, le frigo est plein, ils poussent un soupir de soulagement et des fois, il y a une soupe qui bout sur le feu». Il rappelle que les organismes communautaires comme le Carrefour d’initiatives populaires de Rivière-du-Loup sont un maillon important du filet social.
La directrice générale de l’organisme Karine Jean assure que les employés du Carrefour d’initiatives populaires ne sont jamais dans le jugement. Leur accueil de la clientèle lors des dépannages alimentaires est aussi une forme de soutien psychosocial. «Nous sommes fiers d’aider et c’est important aussi pour ceux qui en ressentent le besoin d’accepter leur vulnérabilité. Les ainés qui ne peuvent plus venir nous donner du temps font des dons en argent. Ils prennent le temps de nous envoyer des cartes pour nous encourager, c’est très touchant», ajoute Mme Jean.
Le nombre de dépannages alimentaires a augmenté et leur contenu s’est diversifié. Le Carrefour d’initiatives populaires a reçu des dons de biscuits salés pour accompagner les soupes, de barres tendres et des couches pour les familles, des petites attentions qui ne se retrouvaient pas dans les dépannages alimentaires avant la pandémie.
Les rendez-vous sont pris aux 15 minutes au Centre Premier Tech, deux personnes à la fois. Beaucoup de livraisons sont aussi effectuées pour les personnes de 70 ans et plus. «On le ressent dans l’atmosphère, on voit le poids tomber de leurs épaules. Au début de la crise, on recevait des appels, c’était important pour nos réguliers de savoir qu’on allait être encore là pendant la crise», explique l’agente de service alimentaire, Amélie Guérette.
«Avec 25 sous, on fait 1 $» - Amélie Guérette
PANIER DE L’EMPLOYÉ
La semaine dernière, le Carrefour d’initiatives populaires a débuté un nouveau projet : le panier de l’employé. Il s’agit d’une démarche confidentielle réalisée de concert avec des entrepreneurs de la région qui a trois objectifs : faire connaitre le CIP, permettre aux employeurs de garder le contact avec leur personnel et diminuer les préjugés par rapport aux services alimentaires du Carrefour.
«Certains entrepreneurs vivent une grande détresse. Pour toutes les fois où on leur a demandé un coup de pouce, c’est maintenant à notre tour d’aller les voir pour leur offrir un cadeau», ajoute la directrice générale du Carrefour d’initiatives populaires, Karine Jean.
L’organisme donne donc un panier aux gens qui ont perdu leur emploi contre leur volonté en raison de la pandémie, selon la demande des employeurs. Les entreprises sont recommandées par divers organismes de la région comme la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup, la SADC, Espace Centre-Ville et la MRC, le tout sans frais.
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