Allier passion du jardinage et autonomie alimentaire
Lors du confinement en mars et avril derniers, de nombreux apprentis jardiniers ont décidé de développer leur pouce vert en plantant des semis. Une approche qui n’avait toutefois rien de nouveau pour le résident de Notre-Dame-des-Neiges Sébastien Rioux. Sa passion du jardinage s’allie avec son désir d’acquérir une certaine autonomie alimentaire lors de la belle saison.
«J’ai toujours cultivé, je suis né là-dedans. Ma grand-mère et mon oncle avaient des serres de tomates, de fleurs et des jardins commerciaux. J’ai participé à partir de l’âge de cinq ans et j’ai commencé à y travailler légalement dès l’âge de 12 ans», explique Sébastien Rioux. Même lorsqu’il a habité à Montréal pendant une dizaine d’années, il s’est inscrit afin d’avoir une parcelle de jardin communautaire et prenait soin de deux plants de tomates sur son balcon. Ses racines sont ancrées bien profondément dans cette connaissance de la terre et de ce qu’elle peut produire.
«J’ai acheté une maison en septembre 2016 et il n’y avait absolument rien sur mon terrain. Au fil des années, j’ai construit des choses, j’ai planté un poirier. Environ la moitié de la grandeur de mon terrain est maintenant cultivée», ajoute M. Rioux. Ce dernier utilise aussi une serre à l’arrière de sa maison qui permet aux tomates de rougir plus rapidement. Dans ses parcelles de terres cultivées, il utilise des techniques de permaculture et de compagnonnage, tout en agençant des fleurs aux fruits et légumes afin d’attirer les pollinisateurs. Les surfaces à jardiner permettent aussi de réduire l’espace de gazon à tondre.
Aux apprentis jardiniers qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure cet été, il suggère d’essayer de prendre soin d’un plant de tomates cerises en pot, avec un plant de fines herbes comme du basilic ou du persil. Selon lui, la clé du succès est d’adopter une approche graduelle. «Si tout le monde avait son propre plant de tomates et son basilic sur son perron, ce serait un poids de moins à la société. Nos tomates n’auraient pas à s’en venir par camion, moins de gaz serait dépensé. Il y aurait moins de pression sur la chaine alimentaire», résume Sébastien Rioux. Il passe environ une trentaine de minutes par jour dans son jardin pour l’entretenir, l’arroser, attacher des plantes. Un investissement de temps qui favorise son autonomie et son indépendance alimentaire. «Dans un sens, le temps que je mets à faire pousser mes aliments, c’est du temps que je n’ai pas besoin de prendre afin d’aller travailler pour quelqu’un d’autre dans le but de ramasser de l’argent pour ensuite acheter cette nourriture.»
En plus des légumes tels que les patates, fèves, pois, brocolis, laitue, ail, oignons, courges et des fines herbes, Sébastien Rioux développe aussi une culture de petits fruits. «Je me fais toujours un smoothie le matin. À moyen terme, je veux être autonome 12 mois par année pour les faire.» Créer un réseau de personnes qui cultivent des légumes ou des fruits complémentaires à sa propre production est un autre élément important de la vision de l’autonomie alimentaire préconisée par Sébastien Rioux. «Il faut garder le côté réseautage. Si j’ai trop de prunes, je peux en échanger avec quelqu’un qui a fait pousser des pommes parce que je n’ai pas de pommiers. C’est important de ne pas se mettre en cocon (…) Je ne viserai jamais le 100 % d’autonomie. Quand je vais atteindre 25-30 %, ce sera vraiment intéressant. Pour mes œufs, je n’ai pas le gout de me lancer et d’avoir un poulailler avec des poules. Je fais affaire avec une fermette de Saint-Simon qui a des poules. À un moment donné, il ne faut pas penser vouloir faire tout, tout seul. Notre nourriture peut devenir une monnaie d’échange contre d’autre nourriture. Il faut garder ça en tête parce que se replier sur soi-même, ce n’est pas la meilleure chose», complète M. Rioux. Il rappelle par ailleurs l’importance de se tenir à l’affut des nouvelles méthodes de jardinage, bien que la roue ne se réinvente pas d’année en année.
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