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Manque important de pharmaciens dans les hôpitaux du Bas-Saint-Laurent 

durée 22 février 2024 | 06h53
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Les établissements de santé de la province sont aux prises avec un manque important de pharmaciens et ceux du Bas-Saint-Laurent n’y échappent pas. Non seulement de nombreux postes sont laissés vacants, mais ceux-ci, même comblés, seraient insuffisants pour répondre aux besoins grandissants des patients, estime l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES). 

    L’APES a décidé de sonner l’alarme, ces derniers jours, avec la publication d’une nouvelle enquête sur les effectifs menée auprès des départements de pharmacie des établissements de santé du Québec. 

    Les résultats de cette initiative, qui couvre l’exercice budgétaire allant du 1er avril 2022 au 31 mars 2023, sont sans équivoque : des centaines de pharmaciens supplémentaires sont nécessaires afin d’assurer une couverture jugée juste et équitable en soins pharmaceutiques aux patients du Québec. 

    «Ça fait des années qu’on manque de pharmaciens dans le réseau, mais c’est maintenant de pire en pire, soutient Julie Racicot, pharmacienne et présidente de l’APES. Non seulement une foule de postes ne sont pas pourvus, mais on a également besoin de pharmaciens qui soignent directement les patients dans les unités de soins, les salles d’urgence, etc.»

    «Les besoins sont de plus en plus importants avec le vieillissement de la population, a-t-elle ajouté. On voit plus de maladies chroniques, on garde les gens en vie plus longtemps, mais avec plus de médicaments. Les médicaments sont aussi très dispendieux et plus complexes, donc on a plus que jamais besoin de pharmaciens.»

    LE QUART DES POSTES VACANTS AU BSL

    Au Bas-Saint-Laurent, l’enquête révèle que des pharmaciens œuvrent dans des secteurs comme l’oncologie, mais que 100 % des besoins en pharmaciens sont non comblés dans les urgences de la région. 

    Toujours selon l’APES, près de 25 % des postes de pharmaciens demeurent vacants dans les différents établissements de santé du territoire. Une information confirmée par le CISSS du Bas-Saint-Laurent qui cherche actuellement à combler 12 postes sur 50. 

    Au KRTB, des pharmaciens travaillent à l’hôpital de La Pocatière, à l’Hôpital de Notre-Dame-du-Lac et au Centre hospitalier régional du Grand-Portage (CHRGP). La répartition exacte des professionnels par établissement n’était toutefois pas disponible, au moment d’écrire ces lignes. 

    Julie Racicot explique qu’en milieu hospitalier, les pharmaciens ont la responsabilité du circuit du médicament, c’est-à-dire qu’ils supervisent la préparation des médicaments, leur distribution sécuritaire et leur administration aux patients, entre autres.

    Les pharmaciens en établissement de soins ont également une responsabilité au niveau des soins pharmaceutiques. Malheureusement, ce volet fait davantage les frais de la pénurie de personnel. Une situation qui préoccupe énormément l’association. 

    «En l’absence de recrutement suffisant de pharmaciens, la capacité des équipes à offrir aux patients les soins pharmaceutiques nécessaires et à assurer un usage optimal des médicaments est forcément moindre», a regretté Mme Racicot.

    «Le manque de pharmaciens nuit à l’efficience des visites dans les salles d’urgence, notamment en augmentation le temps d’attente, les risques d’incidents et d’accidents médicamenteux, ainsi que d’effets indésirables liés aux médicaments, et la durée moyenne des séjours», a-t-elle complété.

    Il est prouvé, selon elle, que le réseau gagnerait énormément en efficacité à avoir un pharmacien auprès de la population, notamment les patients hospitalisés. Ce serait un atout important. «C’est là qu’on fait une différence et il y a des postes à créer», a-t-elle martelé. 

    VALORISATION DE LA PROFESSION 

    Selon l’APES, différents changements doivent être mis en œuvre afin de corriger le tir le plus rapidement possible dans les établissements de santé du Québec. 

    D’une part, elle demande au gouvernement de valoriser la profession par des gestes concrets, soit d’investir dans le recrutement de personnel et dans les conditions de travail et des salaires attrayants pour les pharmaciens d’établissement. 

    «Actuellement, pour pratiquer en milieu hospitalier, les diplômés doivent faire six ans d’études, soit deux de plus que les pharmaciens du secteur privé. En retour, ils gagnent un salaire de 30 % inférieur. Il y a un problème.»

    Pour l’Association, la valorisation de la profession inclut aussi la reconnaissance de la maîtrise en pharmacothérapie avancée. On estime notamment qu’un titre de spécialiste et une plus grande autonomie doivent être accordés aux pharmaciens diplômés de ce programme. 

    L’APES demande également au gouvernement de réaliser un nouvel exercice de planification de la main-d’œuvre en pharmacie au Québec, compte tenu l’ampleur des besoins anticipés, et de travailler avec les facultés de pharmacie afin de rendre le programme de maîtrise plus accessible. 

    Actuellement, ce programme est peu attrayant pour la relève, reconnait l’association. À l’automne 2023, le taux d’inscription en pharmacie d’établissement se trouvait parmi les plus bas enregistrés depuis 10 ans avec 57 pharmaciens inscrits. Pourtant, 114 bourses d’études de plusieurs milliers de dollars étaient disponibles à Québec et Montréal.

    Au CISSS du Bas-Saint-Laurent, le porte-parole Gilles Turmel soutient que les efforts de recrutement se poursuivent. Il reconnait du même coup que les démarches demeurent difficiles, à l’image de toutes les régions du Québec. 
     

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