Des urgences performantes au Bas-Saint-Laurent
Les urgences du Bas-Saint-Laurent, y compris celles de Rivière-du-Loup, Témiscouata-sur-le-Lac et Trois-Pistoles, font figure de bon élève au Québec. Les plus récentes données dévoilées sur le temps de séjour moyen des usagers dépeignent un portrait «positif» à l’échelle provinciale et témoignent de l’efficacité d’un système pourtant souvent critiqué.
Quoi qu’en disent certains usagers mécontents, les urgences du Bas-Saint-Laurent obtiennent de très bons résultats comparativement à d’autres du réseau de la santé public québécois. Elles figurent même parmi les exemples à suivre en province.
En avril, La Presse a publié son quinzième Palmarès des urgences. On y attribue les notes «A» pour les urgences de l’Hôpital de Rimouski et du Centre hospitalier régional du Grand-Portage (CHRGP), soit la plus haute décernée, pour l’année 2023-2024. Au Témiscouata, l’Hôpital Notre-Dame-du-Lac a reçu la note B+.
Le quotidien a basé son classement sur des statistiques du ministère de la Santé et des Services sociaux. Les notes ont été basées sur quatre critères ciblés, soit la durée moyenne de séjour, le pourcentage de séjours de 48 heures ou plus, le pourcentage de personnes âgées de 75 ans ou plus qui se présentent et le pourcentage de cas sur civière qui requièrent une hospitalisation. Les deux premiers étaient les plus importants, comptant pour 20 points de la note finale sur 30.
Au Bas-Saint-Laurent, le portrait très positif des urgences répertoriées n’a pas surpris le directeur du programme de santé physique et de la cancérologie, Firas Nasser Eddine. Son équipe et lui suivent quotidiennement différents indicateurs – dont ceux ciblés par le quotidien – leur permettant d’avoir une vue d’ensemble de la performance du réseau régional des urgences. Il estime que le classement de La Presse est représentatif de la réalité.
«En général, pour le CISSS, la façon dont on gère nos urgences, et la façon dont on suit la situation, ont toujours donné des résultats plus positifs», a-t-il partagé, confirmant que les urgences régionales «performent au-delà de la moyenne provinciale.»
«Ce n’était pas une surprise, mais quand même, c’est bon de le constater et que ce soit présenté de façon simplifiée pour la population.»
SÉJOUR MOYEN DE 8 h 16
En date du 1er mai, les temps de séjour moyen étaient de 10 h 31 au Centre hospitalier régional du Grand-Portage (CHRGP), 12 h 49 à l’hôpital de Notre-Dame-du-Lac, 10 h 15 à l’Hôpital de Rimouski, 6 h 41 à Hôpital Notre-Dame-de-Fatima et 4 h 49 à Trois-Pistoles. Pour l’ensemble de la région, il s’élevait à 8 h 16. Il s’agit d’un polaroid d’une seule journée, mais la statistique était alors deux fois moins importante que la moyenne provinciale, à un peu plus de 16 heures.
Selon Index Santé, le taux d’occupation des urgences du territoire a aussi été l’un des plus bas en province, ne dépassant les 65 % qu’une seule fois (à 83 % le 18 avril), au cours des trente derniers jours. Les séjours de plus de 48 heures sont aussi très rares, voire absents du portrait.
Firas Nasser Eddine estime que les bons résultats observés au Bas-Saint-Laurent témoignent de l’efficacité du système en place, de même que de la qualité des intervenants qui y œuvrent. Tout n’est évidemment pas parfait, mais les efforts déployés portent fruit, le constat est clair.
«Il y a vraiment un grand travail d’équipe et de coordination qui est fait afin d’assurer une fluidité entre l’urgence, les unités de soin, le service à domicile et le service d’hébergement», explique-t-il. «C’est un continuum qui est toujours connecté. On regarde souvent les urgences, mais ce sont des portes d’entrées […] Toutes les parties doivent performer pour que l’urgence puisse être capable de sortir les cas, donner les soins, orienter les patients au bon endroit.»
Un autre élément à mentionner : les professionnels des urgences du CISSS du Bas-Saint-Laurent s’efforcent de bien cerner les besoins des patients et de n’attribuer une civière qu’à ceux dont la situation est prioritaire. Selon M. Nasser Eddine, 27 % des patients qui arrivent à l’urgence du CHRGP de Rivière-du-Loup, par exemple, sont mis sur des civières. Ailleurs, la statistique peut être beaucoup plus importante, se rapprochant parfois des 50 %, note-t-il.
«Il y a une rigueur dans le triage et dans l’orientation vers les services», résume Firas Nasser Eddine. «On essaie aussi de travailler en amont, de ne pas seulement être efficaces dans les urgences, mais avant même que le patient s’y présente.»
DES DÉFIS DEMEURENT
Le CISSS du Bas-Saint-Laurent soutient ne pas prendre les choses pour acquises avec ses urgences. Même si les données illustrent une stabilité en termes de performance au cours des dernières années, il est évident que les équipes souhaitent constamment s’améliorer.
«Il y a toujours des pistes de solutions qu’on essaie de regarder pour améliorer nos méthodes de communication et s’assurer que le patient transige adéquatement dans les différents services. Pour que ce soit le plus fluide possible.»
Plusieurs défis demeurent présents pour le personnel en place. Ceux reliés à la main d’œuvre sont particulièrement constatés, bien que les équipes réussissent à trouver «des solutions et contingences» pour y remédier.
Dans une région où la population est vieillissante – l’une plus vieille en province –, il ne fait pas de doute que les besoins sont grandissants. Le CISSS travaille également à se préparer à un plus grand nombre de demandes à l’urgence et à la pression qui en découlera sur le système en place dans les prochaines années.
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