Des lacunes de sécurité dénoncées sur le chantier de l’autoroute 85
La CSN-Construction, ainsi que quatre autres syndicats de la province dénoncent une série de manquements à la sécurité sur le chantier de l’autoroute 85, dans une missive envoyée la semaine dernière à la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.
Ils concernent principalement le tronçon 7, entre Saint-Honoré-de-Témiscouata et Saint-Louis-du-Ha! Ha!. «L’ambiance est assez morose en raison du nombre d’interventions et du laxisme de l’employeur qui a été sélectionnée par le maitre d’œuvre», explique le responsable en santé et sécurité de la CSN-Construction, Félix Ferland.
En 2023, la Commission des normes, de de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a mené plus d’une quinzaine d’interventions sur le chantier, qui sont rapportées par la CSN-Construction.
Elles concernent le renversement d’un camion-grue et d’une pelle mécanique, le climat de travail toxique, le mauvais entretien des chemins de chantier, le manque de locaux pour les pauses et les repas, et la déficience des installations sanitaires. De plus, des zones de dynamitage étaient mal délimitées, ce qui faisait en sorte que des véhicules pouvaient se stationner près de la zone chargée.
La porte-parole de la CNESST, Isabelle Raymond, confirme que 16 interventions ont été effectuées sur ce chantier en 2023. Une ouverture de dossier peut engendrer plus d’une intervention. Trois dossiers ont été ouverts à la suite d’accidents de travail. Elle souligne que pour le moment, la CNESST n’a pas eu à fermer le chantier.
En 2024, aucune intervention de la CNESST n’a été menée jusqu’à maintenant. Le 14 aout, 13 conducteurs de camions hors route ont procédé à un arrêt des travaux afin de signifier leur exaspération concernant l’inaction de l’entrepreneur face à différents segments de chemins qui sont mal entretenus. Selon Félix Ferland, cette action concertée démontre le ras-le-bol de travailleurs qui sont au bout du rouleau et qui ne se sentent pas pris au sérieux.
«Ça vient avec une pression de performance et de production. Plusieurs éléments sont assez inquiétants. Chaque fois, les mesures [correctives] sont éphémères et elles tombent», ajoute M. Ferland. Ce dernier se questionne à savoir si l’objectif du MTQ est trop ambitieux, imposant un rythme de travail insoutenable aux employés.
Le responsable en santé et sécurité de la CSN-Construction suggère d’intégrer des coordonnateurs en santé et en sécurité directement sur le chantier, comme l’exige la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, qui est entrée en vigueur en janvier 2023. «Ce chantier a commencé avant et il n’y est pas assujetti. Une prise en charge par le milieu serait nécessaire pour se coller à la nouvelle législation du ministère du Travail», souligne Félix Ferland.
Il se désole de devoir encore faire des interventions sur un chantier de cette ampleur qui ne compte pas d’installations sanitaires adéquates ou de salles de repas pour les travailleurs. Le tronçon 7 est compris dans la phase III de construction de l’autoroute 85 et le cout total du projet est estimé à 883,3 M$.
«Nous exigeons dès à présent des précisions sur les mesures concrètes que vous prendrez pour garantir une protection définitive et permanente de nos travailleurs», indiquent les syndicats, dans leur lettre envoyée à la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.
La CSN Construction demande au ministère d’exiger une plus grande sécurité puisqu’il est le maitre d’œuvre de ce chantier, que ce soit par des mesures correctives ou des sanctions monétaires. «La faute leur incombe, c’est à eux d’exiger des mesures», conclut Félix Ferland.
La députée Amélie Dionne de la circonscription de Rivière-du-Loup-Témiscouata, où se déroulent les travaux, a réagi par écrit : «Je suis au fait de la situation et je suis le dossier de près. Il y a des normes de santé et de sécurité au travail qui se doivent d'être appliquées et ça, ça vaut autant pour les chantiers publics ou privés.»
La lettre envoyée à la ministre Geneviève Guilbault est signée par les responsables en santé et sécurité de la CSN-Construction, FTQ-Construction, CPQMCI, Syndicat québécois de la Construction et CSD Construction.
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