Près de 200 jours de découverture pour l’obstétrique de Témiscouata-sur-le-Lac en 3 ans
Dans les trois dernières années, le département d’obstétrique de l’hôpital de Notre-Dame-du-Lac a été fermé pendant 195 jours, dont 74 seulement en 2024. C’est ce que révèle une demande d’accès à l’information partagée à Info Dimanche le 29 aout. Le jour même, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent a annoncé une réouverture du service à compter du 9 septembre.
Le conseiller aux communications et responsable des relations de presse au CISSS du Bas-Saint-Laurent, Gilles Turmel, assure que la nouvelle n’a pas été publiée en réaction aux chiffres dévoilés dans les médias. Le Centre de santé a eu la confirmation et souhaitait le partager aux mamans du Témiscouata le plus rapidement possible afin de les rassurer et de les sécuriser, témoigne-t-il.
Selon les données obtenues par Info Dimanche, l’obstétrique de Témiscouata-sur-le-Lac a été fermée pendant 69 jours en 2022. Le nombre est légèrement plus bas en 2023 à 52 jours. Actuellement, le service a été découvert pendant 74 jours en 2024.
Alors que la suspension du département est en hausse au Témiscouata, la situation à Kamouraska, Matane et la Matapédia s’est fortement améliorée.
MAIN-D’ŒUVRE
Le problème majeur rencontré à Témiscouata-sur-Lac, et qui explique la fréquence de l’intermission des services, est le manque de main-d’œuvre. «On a de gros gros problèmes de main-d’œuvre, de recrutement. On est très tributaire de la main-d’œuvre indépendante, et ce n’est pas évident à avoir, surtout parce qu’en obstétrique ça prend des gens avec une formation spécialisée», explique M. Turmel.
En mars dernier, le CISSS avait annoncé la fermeture du département les fins de semaine. «On concentrait nos activités la semaine, parce que c’est là que le plus gros nombre des accouchements a lieu de toute façon et c’était déjà une première manière de réagir a ces enjeux de main-d’œuvre là», indique-t-il. Le service a été complètement suspendu en juin pour la période estivale notamment en raison du manque de personnel et des vacances d’été.
«Faire rouler un département d’obstétrique dans un petit milieu, ce n’est pas simple, ça prend beaucoup de monde», confie le conseiller. Il soutient que le CISSS poursuit ses efforts de recrutement et de formation du personnel, mais que les difficultés de main-d’œuvre sont globales à Notre-Dame-du-Lac. À cela se rajoutent des enjeux multifactoriels comme la pénurie de logement, les déplacements.
Il ne cache pas aussi que dans une petite communauté comme celle du Témiscouata, moins de mamans accouchent. Le nombre est estimé à une soixantaine par année, ce qui peut rebuter de futurs travailleurs qui souhaitent être davantage exposés à des accouchements.
Gilles Turmel assure que le CISSS est en action et reste optimiste pour la suite. Quelques infirmières de plus aideraient à sécuriser le service, souligne-t-il. Il rappelle qu’un comité spécial d’attraction a été mis en place il y a quelques mois. L’organisation travaille toujours sur un projet de rénovation de l’urgence et des soins intensifs de l’Hôpital de Notre-Dame-du-Lac. «La mise aux normes de ces deux secteurs devrait notamment permettre l’amélioration de l’attraction et de la rétention du personnel infirmier et médical», croit le CISSS du Bas-Saint-Laurent.
Mentionnons que le 26 aout, une pétition citoyenne a été lancée afin d’assurer la continuité des services de santé au Témiscouata. Les ruptures sporadiques en obstétrique ces dernières années et la trentaine de mamans qui ont été contraintes à se déplacer à Rivière-du-Loup pour accoucher ont motivé le groupe à demander le rétablissement du service le plus tôt possible.
La députée provinciale de Rivière-du-Loup - Témiscouata, Amélie Dionne, reconnait que «la situation est fragile au Témiscouata depuis des mois». «Soyez assuré que nous maintenons la pression pour trouver des solutions rapidement afin d’éviter que d'autres bris de services se produisent et en assurer la pérennité. Nos citoyens ont droit à des services de qualité», a-t-elle conclu.
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