Écoéducation par la nature : apprendre en jouant dehors
Un groupe de la cohorte 2024 de l'AEC Écoéducation par la nature du Cégep de Rivière-du-Loup.
Judith Latendresse, directrice de la Formation continue, Manon Bossé, conseillère pédagogique responsable du programme et Holly McIntyre, enseignante.
L'accueil d'un groupe de l'AEC Écoéducation par la nature au Cégep de Rivière-du-Loup.
Le groupe d'étudiantes au parc des Chutes de Rivière-du-Loup.
Alors que le «jeu risqué» est de plus en plus recommandé par les pédiatres afin de contribuer au développement des enfants, une initiative du Cégep de Rivière-du-Loup, fait des petits partout dans la province. Le programme d’attestation d’études collégiales Écoéducation par la nature, instauré en 2015 compte déjà 250 diplômées de partout au Québec qui prônent la connexion à la nature en éducation.
Au départ, cette formation a été créée afin de contrer le déficit nature chez les enfants. «C’est une approche holistique, pour se voir comme un être qui fait partie de la nature. Comment on établit cette relation? Comment est-ce qu’on peut amener les enfants à avoir cette connexion avec le monde naturel?», soulève l’enseignante du programme Holly McIntyre.
Cette vision amène de nouvelles façons d’apprendre et elle favorise le développement cognitif, émotif, social et moteur, souligne-t-elle. Les enfants sont encouragés à recourir à leur monde imaginaire et à leur créativité. «Mon cours vise à valoriser la prise de risques et à minimiser les dangers. Ce n’est pas juste aller jouer dehors», résume Mme McIntyre.
«Un enfant qui n’est pas capable de briller à l’intérieur dans une salle de classe conventionnelle peut avoir des traits de leadership ou des qualités autres qui brillent plus à l’extérieur. Il peut avoir ses bravos de ses pairs et de ses profs qu’il n’aurait pas nécessairement à l’intérieur», ajoute-t-elle.
Caroline Morneau de Cacouna fait partie de la 12e cohorte de l’AEC Écoéducation par la nature. Cette éducatrice en milieu familial voulait aller chercher davantage de connaissances afin de les appliquer lors de ses sorties en forêt avec son groupe. «On voit la différence avec les enfants, ils sont tellement plus calmes dans la nature. Il y a moins d’interventions à faire quand ils sont dehors. Ça fait du bien et la tête et à l’esprit. Ça concorde avec mes valeurs.»
IMMERSION
Lors de leur première fin de semaine d’immersion, des étudiantes de partout au Québec ont été accueillies à Rivière-du-Loup. Certaines ont fait plus de cinq heures de route afin de participer à la sortie en nature. Cette formation amène les éducatrices à adopter une posture éducative différente. Les rencontres en groupe leur permettent de constater qu’elles partagent une vision commune de l’éducation, même si elles sont parfois perçues comme des extraterrestres dans leur milieu, souligne la conseillère pédagogique, Manon Bossé.
Samuel Thibault suit cette formation depuis septembre. Il a fait la route à partir de Val-des-Sources. Éducateur à la petite enfance, il a ouvert son service de garde en milieu familial en mars. «Quand j’ai ouvert mon service de garde, je voulais créer un lieu de vie où j’aimerais que mes enfants évoluent. J’ai des grands jardins à la maison, vu que je travaille en agriculture. Comment je peux m’outiller pour maximiser son potentiel?» C’est à ce moment qu’il est tombé sur l’AEC Écoéducation par la nature, qui lui permet de réfléchir sur l’éducation de la manière dont il souhaite l’approcher.
Au parc des Chutes, les participantes ont appris à évaluer le potentiel de différents sites naturels (forêt, étang, verger), les opportunités pour interagir avec l’environnement et les risques qui y sont rattachés. Les enfants doivent être aidés à évaluer les risques pour eux-mêmes.
«Pour se développer, les enfants ont besoin de prendre des risques. Ils le font naturellement. Quand tu apprends à marcher, tu ne vas pas réussir sans tomber, c’est sûr […] On ne va pas les emballer dans du papier bulle et les mettre dans une pièce sans coin pointu. Ils vont toujours chercher un petit défi», ajoute Holly McIntyre.
Les étudiantes ont appris à faire des nœuds et à installer des bâches en plein air, en plus de participer à une simulation de premiers soins. Elles ont aussi appris à encadrer l’utilisation d’outils de façons sécuritaire, à allumer un feu et à gérer un groupe de façon sécuritaire autour de celui-ci.
Dans le cours Espaces bâtis renaturé, les étudiantes sont amenées à créer des espaces pour faire en sorte que la nature soit plus présente dans leur quotidien, explique la conseillère pédagogique Manon Bossé. L’aménagement de potagers et le jardinage sont des outils d’apprentissage concrets pour les jeunes.
MISE EN PLACE
Le projet a débuté en 2015 à la suite d’une demande de deux enseignantes en éducation à l’enfance, Elisabeth Pelletier-Grandbois et Françoise Parent. Elles allées rencontrer le Service de la formation continue afin de demander la mise en place d’un programme inspiré de formations qui existaient déjà en Europe. La première cohorte a vu le jour en 2019. Le programme est donc un précurseur dans le domaine au Québec. À temps partiel, il s’échelonne sur deux ans et il s’adresse aux éducatrices, enseignantes et intervenantes en enfance-jeunesse afin de les spécialiser.
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