Inquiétudes pour la saison de motoneige 2024-2025 au Bas-Saint-Laurent
Les propriétaires de boisés privés veulent interdire l’accès aux motoneigistes à leurs terres entre Lévis et Kamouraska. Cette menace fait craindre des répercussions au Bas-Saint-Laurent. L’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches (APBPA) l’a annoncé à la mi-octobre lors d’une manifestation au parlement. L’impact pourrait être majeur, selon le directeur général de Tourisme Bas-Saint-Laurent, Pierre Levesque.
Annuellement, près de 80 000 motoneigistes parcourent le territoire du Bas-Saint-Laurent et entrainent des retombées économiques estimées entre 20 et 30 M$. En vue de la saison hivernale, Tourisme Bas-Saint-Laurent investit 500 000 $ intra et hors Québec pour faire la promotion de la région. «C’est considérable, la motoneige, pour nous. Si [ça arrivait], ça
serait une catastrophe pour nous», soutient M. Lévesque.
En fermant leurs sentiers, les propriétaires de boisés privés contestent les modifications au Règlement sur l’agence de vente du bois de sciage et de déroulage des producteurs de bois de la Côte-du-Sud. Ces changements ont mené le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud à imposer l’exclusivité de la mise en marché du bois de sciage et de déroulage dès le 1er février 2025. «On n’est pas contre la mise en marché, on veut que ce soit fait sur une base volontaire, comme c’est le cas présentement», soutient le président de l’APBPA, Raynald Nadeau.
À défaut d’être entendus par le syndicat et le gouvernement, les propriétaires de boisés privés iront de l’avant et couperont l’accès aux sentiers dès le début de la saison. Selon M. Nadeau, ce ne sont pas seulement les motoneigistes qui sont concernés, mais aussi les skieurs, les randonneurs et les chasseurs. «Ce n’est pas vrai qu’on prend du monde en otage, c’est un moyen de pression […] C’est un privilège que tout le monde a de passer gratuitement sur les terrains privés. Et ça, il y a beaucoup de monde qui l’oublie», indique le président. Il partage aussi que d’autres régions pourraient se joindre à ce moyen de pression, engendrant la fermeture de nombreux sentiers au Québec.
SAUVER LA SAISON
Le directeur général de la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec, Stéphane Desroches, entend et comprend les revendications des propriétaires de boisés privés, mais il trouve dommage qu’«ils essaient de prendre la motoneige en otage». Ce qui le désole le plus dans cette situation, ce sont les bénévoles qui auront à vivre avec la grogne des motoneigistes si les droits de passage sont bel et bien retirés cet hiver.
Il aimerait que les parties concernées s’assoient ensemble à une table de négociations «pour sauver la saison». «Ce n’est pas notre dossier à nous au niveau de la Fédération, mais ça nous préoccupe, car au bout de la ligne, ce sont les bénévoles qui vivent cette pression-là», réitère M. Desroches.
Pierre Levesque croit aussi qu’une concertation est nécessaire. «On est un peu entre l’arbre et l’écorce, la motoneige et l’industrie touristique dans tout ça», image-t-il. Avec la saison de motoneige qui rétrécit d’année en année, son importance croît de plus en plus.
Il ne cache pas qu’une partie des visiteurs provenant des États-Unis et de l’Ontario font le voyage en voiture et s’installent à Rimouski, à Rivière-du-Loup ou au Témiscouata pour visiter le Bas-Saint-Laurent qui compte 1 800 kilomètres de sentiers. Dans le cas d’un blocage des passages, les touristes pourraient donc se tourner vers cette possibilité, même si elle n’est pas l’idéale pour eux. D’autres solutions pourraient aussi être envisagées par Tourisme Bas-Saint-Laurent si la menace venait à être mise à exécution.
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