L’APTS déplore une coupure majeure dans les soins préventifs à domicile au CISSS du Bas-Saint-Laurent
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), dénonce une première vague de coupures dans les soins à domicile au CISSS du Bas-Saint-Laurent qui réduira considérablement l’accès et la qualité des soins préventifs à domicile. «Pour ainsi dire, le service de kinésiologie n’existera plus», dénonce le représentant national, Simon Dubé.
Le rôle d’un kinésiologue en est un de deuxième ou troisième ligne, explique M. Dubé. Il s’agit d’effectuer de la prévention, essentiellement auprès des personnes âgées dont la mobilité est réduite ou en perte de capacités, et dont la priorité des soins est moins urgente. Ces professionnels les accompagnent dans leur reconditionnement physique à la suite d’une hospitalisation. Ils aident donc les ainés à réaliser des exercices pour regagner de la masse musculaire, notamment.
De couper de nombreux postes dans ce service revient donc à le cesser, estime le représentant. «Parce qu’on on a énormément de difficultés à rencontrer les exigences pour les priorités urgentes ou majeures», explique-t-il. Les listes d’attente dans la région sont déjà longues. «On irait donc couper dans la prévention».
Les soins à domiciles en kinésiologie permettent aussi d’alléger les équipes de réadaptation, soit les ergothérapeutes et les physiothérapeutes notamment. «Dans la chaine de soins, quand tu enlèves du personnel, d’une manière ou d’une autre, ça va augmenter la pression ailleurs, c’est inévitable», croit-il.
Ainsi, il s’inquiète que seules les urgences soient prises en charge et que de nombreuses personnes, ayant besoins de soins considérés moins pressants, soient laissés eux-mêmes, alors que la demande est grandissante. Rappelons que le Bas-Saint-Laurent est la région du Québec où la proportion de personnes âgées est la plus élevée d’après le CISSS du Bas-Saint-Laurent.
Selon l’APTS, cette majeure réduction de service fait partie des différentes coupures du CISSS afin de récupérer les 34 millions de déficit dans le cadre de son exercice financier actuel. «Ce qui est fâchant c’est de ne pas savoir, c’est le manque de transparence de l’employeur, c’est de se faire dire par-dessus le marché que ce ne sont pas des mesures d’austérité et finalement que ça n’aurait pas de conséquences directes sur le service».
Par courriel, le CISSS a démenti le tout, signifiant que la fin des soins à domicile en kinésiologie n’était pas en lien avec son contexte budgétaire. «À la suite d'un grief syndical de l'APTS, le CISSS du Bas-Saint-Laurent ne peut plus avoir recours à des kinésiologues en surcroît pour son service de soutien à domicile (SAD). Ces kinésiologues étaient au SAD depuis la pandémie et ont contribué entre autres à lutter contre le déconditionnement et à maximiser l’autonomie des usagers. Bien qu'il y ait eu des ajustements nécessaires à la suite du grief, les kinésiologues concernés sont toujours à l'emploi du CISSS du Bas-Saint-Laurent», a indiqué le porte-parole de l’organisation, Gilles Turmel.
Il ajoute que l’offre de kinésiologie au SAD n’arrêtera pas pour autant. Le souhait du CISSS du Bas-Saint-Laurent est même de développer cette offre dans les prochaines années. Deux nouveaux postes de kinésiologues au SAD sont d'ailleurs affichés depuis le 28 janvier, renchérit-il.
«Ça ne dit pas grand-chose aux gens, ça a l’air d’une mesure administrative, mais dans les faits quand tu coupes un poste vacant ou en surcroit, tu viens de occuper dans ta structure», souligne Simon Dubé. Il soutient que ces postes auraient dû être consolidés à la place d’être supprimés.
D’après le représentant, ce sont six à huit postes qui ont été coupés dans cette mesure effective dès le 31 janvier. L’APTS a réussi à sauver deux postes, un dans Les Basques et un à Mont-Joli, qui devaient aussi faire partie de la réduction de services.
L’APTS indique aussi que le CISSS du Bas-St-Laurent compte orienter des kinésiologues vers des postes «pivots», qui sont généralement occupés par des travailleuses sociales. En agissant de la sorte, la direction fragilise du même coup deux secteurs d’intervention, croit l’organisation. Le manque de respect de l’expertise propre à chaque profession est de plus en plus courant dans le réseau et met en péril la qualité des services, selon l’Alliance.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.