L'Isle-Verte - Six mois après l'incendie de la Résidence du Havre de L'Isle-Verte, les propriétaires Roch Bernier et Irène Plante, ainsi que leur assureur, Promutuel Rivière-du-Loup, poursuivent la municipalité de L'Isle-Verte pour 3,8 M$.

L'avocat du couple, Me Guy Bertrand estime que des «manquements graves» ont alourdi le bilan de l'incendie qui a coûté la vie à 32 personnes le 23 janvier dernier. Ce dernier a mentionné que la poursuite était en marche à la demande du couple.

Me Bertrand évoque notamment l'article 33 de la Loi sur la sécurité incendie, faisant référence au fait que le Service incendie de L'Isle-Verte aurait dû demander l'aide du Service de sécurité incendie de Rivière-du-Loup ou celui de Rimouski.

L'article 33 de la Loi stipule « qu'en cas d'incendie sur son territoire ou dans le ressort de son service de sécurité incendie, lorsque l'incendie excède les capacités de celui-ci ou celles des ressources dont elle s'est assurée le concours par une entente prévue au schéma de couverture de risques, une municipalité locale peut demander (...)  l'intervention ou l'assistance du service de sécurité incendie d'une autre municipalité. »

« FAUTES LOURDES ET GROSSIÈRES »

Dans le document obtenu à la cour, on apprend que selon les demandeurs (M. Bernier, Mme Plante et Promutuel), un tel désastre aurait pu être évité ou à tout le moins n'aurait pas eu une telle ampleur. « Bien que les demandeurs reconnaissent que les préposés du Service incendie de L'Isle-Verte ont agi de manière remarquable (...) la revue des faits démontre qu'ils ont commis des fautes lourdes et grossières. »

Les demandeurs arguent également que la municipalité de L'Isle-Verte a omis ou négligé de mettre en vigueur un plan d'urgence et un plan d'évacuation, malgré les demandes répétées de Roch Bernier depuis 5 ans, notamment auprès du directeur du Service incendie Yvan Charron et du directeur général de L'Isle-Verte, Guy Bérubé.

Ce manque de planification auraient selon eux mené à une « improvisation », de même que des tensions alléguées entre la Service incendie et la municipalité, ainsi qu'entre le Service incendie de L'Isle-Verte et celui de Rivière-du-Loup, mentionnent les demandeurs.

La poursuite fait aussi état que les pompiers volontaires n'avaient pas l'équipement adéquat, que les effectifs assignés pour combattre l'incendie n'étaient pas suffisants, que le premier camion n'est arrivé sur les lieux que 15 minutes après le début de l'incendie et qu'il n'était pas muni d'une échelle. Le second camion est arrivé après plusieurs minutes additionnelles, selon la poursuite.

« TU FAIS CE QUE TU PEUX »

En entrevue exclusive à Info Dimanche en janvier dernier, le chef pompier Yvan Charron mentionnait que lorsque de tels drames surviennent, la théorie et la pratique sont deux choses bien différentes. « On se disait que s’il y avait quelque chose, nous étions prêts. En moins de six ou sept minutes, la résidence était évacuée. On s’est dit ''on est bon". Et puis il y a eu jeudi [NDLR L'incendie du 23 janvier]. Nous avons été rapidement sur les lieux, mais c’était déjà trop tard. Tu ne fais pas ce que tu veux, mais ce que tu peux », avait confié Yvan Charron.

Yvan Charron est catégorique, à l'arrivée des pompiers, l’aile Est était entièrement embrasée. « Les flammes sortaient de partout. Les bonbonnes de spray du salon de coiffure sautaient, on entendait la bonbonne de propane siffler. Les gars sont allés au bout d’eux autres. »

À la question qui a été sur toute les lèvres : pourquoi ne pas avoir demandé l’intervention du camion-échelle (714) du Service de la sécurité incendie de Rivière-du-Loup (SSIRDL)? Le chef pompier est catégorique. « J’avais déjà quatre casernes sur place, deux autres s’en venaient. En terme de pompiers, nous étions suffisants et en contrôle. Aucun camion échelle n’aurait été utile là. Rivière-du-Loup assurait une présence en relève entre autres pour Cacouna et Saint-Arsène. »

DOMMAGES $

En termes de dommages, la poursuite s'élève à 3,8 millions de dollars. La poursuite mentionne que Promutuel Rivière-du-Loup a de la difficulté d'obtenir des documents de la part de la municipalité, compliquant ainsi l'évaluation des dommages. De plus, Promutuel a été informée de l'intention de certaines victimes ou de leurs proches d'intenter des poursuites contre elle.

ENQUÊTE

Rappelons que l’enquête menée par la Sûreté du Québec afin de déterminer les causes exactes de l’incendie est toujours en cours.

Collaboration : François Drouin