Le Noël 1841 à Trois-Pistoles
Info Dimanche a invité ses lecteurs à raconter l'un de leurs Noëls. Nous publions ici l'un des textes reçus.
Par Robert Létourneau, Trois-Pistoles
Un Noël d’antan qui a ombragé un moment la période des fêtes à Trois-Pistoles, quand, le 23 décembre 1841, la banquise en bordure du village d’en bas se fractionnait, emportant vers le large une cinquantaine de citoyens. Il fallait entendre à ce moment fatidique une voix sonore en alerte lançant : LA GLACE SE CASSE... LA GLACE SE CASSE...
Tôt ce matin-là, les gens furent informés qu’il y avait quelque 500 loups marins sur la batture au village d’en bas. Ainsi, les chasseurs se rendaient, pour une deuxième journée consécutive, pour voir à compléter leur réserve de viande pour l’hiver et s’approprier des peaux pour différents usages.
Branle-bas au village, car des gens sur la glace courent un très grand danger. Il faut faire vite, trouver un canot et deux braves qui devront affronter le fleuve afin de leur porter secours. On finit par trouver chez Éloi Rioux et Euphrosine Plourde, **de l’Anse aux Coques, un canot dans son abri d’hiver. En plus des rameurs, ce dernier pouvait contenir 4 à 5 personnes.
On a aussi retracé les futurs héros du jour, les Louis Rioux et Louis Sirois, deux jeunes dans la force de l’âge qui acceptèrent le défi.
Aux trois premiers voyages, une douzaine de naufragés touchent terre. Le quatrième s’amorce en pleine noirceur afin de rejoindre les gens encore en péril. ** Y ** FAUT CHERCHER ENCORE , ET ENCORE, que les rameurs se répétaient. Une tâche exténuante qu’elle était. Pleins de courage et de patience, ils finirent par entendre au loin des réponses à leurs cris. De l’endroit retracé, on transporta le groupe sur la Rasade Ouest, située pas trop loin de là. Finalement, ce n’est que vers 10 heures en soirée que les derniers débarquent à la grève des Rioux, dite aussi l’Anse aux Coques.
Déjà, on aura probablement oublié le moment où le curé Pouliot, qui de la rive, avait accordé l’Extrême Onction à ses paroissiens en détresse.
Reportons-nous maintenant au lendemain, le 24 décembre. C’est le grand rassemblement de Noël 1841 avec sa messe de minuit, des remerciements vers le Ciel pour l’évènement de la veille, chanter et participer a une issue des plus heureuses. La petite chapelle du village près de la mer se retrouve au centre des retrouvailles. Elle brille de tous ses feux avec son illumination d’antan. Des dizaines de candélabres et chandelles devaient faire ruisseler bien des larmes sur des joues de gens heureux. Et, ce qu’il devait y avoir de trémolos dans les voix, surtout celle du chanteur qui entonna ce soir-là, le Sainte Nuit.
Devant une telle assemblée, probablement chargée de grandes émotions, on ne peut douter un instant de la sincérité de tous à travers leurs échanges de souhaits, en cette fête de Noël 1841.
** Cette maison ancestrale est montée sur la côte vers 1858, c’est le Bocage d’aujourd’hui au rang 1 Est.
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