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L'oiseau qui n'est pas une colombe

durée 10 novembre 2022 | 16h14
François Drouin
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
François Drouin

Je m'intéresse peu à Twitter, mais ça n'a pas toujours été le cas. L'âge d'or de ce réseau social remonte à la fin des années 2000. Réactif, intéressé, il était à la fois pertinent et amusant. On y suivait des conflits en direct comme on y partageait nos réflexions. Le citoyen-journaliste trouvait écho auprès des journalistes des médias traditionnels. Je crois même que je le préférais à Facebook.

Nous avons été plusieurs à y croire. Comme journaliste, le potentiel me semblait immense. Localement, quelques pionniers y ont cru. Malgré leurs efforts, une poignée d'utilisateurs convaincus n'ont pas su convaincre. Cindy Rivard publiait un #followfriday, puis Sylvain Dionne et Édith Jolicoeur répondait dans la minute. Un partageait, les autres retweetaient. Mais trop souvent les mêmes à partager trop souvent la même chose. C’était avant les influenceurs.

J'ai aussi suivi les bonzes nommés Lepage, Lagacé, McSween et cie, omnipotents de la sphère médiatique. Toutefois, ce qui a attiré mon attention, ce sont plus les réponses à leurs tweets qu'aux tweets même. De la joute argumentative, Twitter est passé à l’expression sans filtre de l’agressivité, du mépris, de la violence, de la désinformation, aux menaces... N'importe qui pouvait être pris à parti.

Comme si un animateur de radio poubelle déferlait en 140 caractères à la moindre publication. En fait non, aucune radio poubelle n'est jamais allée aussi loin dans son délire qu'un troll sur Twitter.

Comme si l'utilisateur de Twitter, souvent caché derrière un pseudonyme, pouvait donner libre cours à toute la colère qui l'habitait. Une colère enfouie si profondément qu'elle éructe comme un rot suri. Twitter est devenu un dépotoir de mauvais sentiments. Depuis 2008, j'ai vu la haine et les « fake news » croitre sur Twitter plus rapidement que la valeur d'un bitcoin avant la campagne de Pierre Poilièvre à la chefferie du PCC !

On disait des trois grands réseaux sociaux que Twitter représentait la cuisine pour les discussions, Facebook le salon et LinkedIn, tellement plus sérieux, le bureau. Twitter est vite passé de la cuisine à la salle de bain avant de finalement incarner, pour moi, la fosse septique. La pandémie n'a fait que me le confirmer.

Puis, Elon Musk, le troll de tous les trolls, a acheté le réseau social préféré de ses congénères. C'est à ce moment que je me suis de nouveau intéressé à l'oiseau bleu, mais pour les mauvaises raisons. Je suis comme le badaud qui regarde une maison abandonnée en flammes, attendant avec une impatience morbide qu'elle s'effondre sur ses propres fondations.

De moins en moins de gens constructifs, de moins en moins de publications pertinentes et de plus en plus de gens fâchés (de quoi, on ne le sait pas trop, eux non plus je crois). Beaucoup de colère, de mépris, d'agressivité, de sexisme, de racisme et de misogynie. La brusquerie de Twitter me surprend. Encore.

Prenez une fosse septique. Évacuez-en l'eau. Il reste quoi ? Un concentré de m... ! Même principe ici.

Vous en doutez ? Allez suivre le compte de Sébastien Rioux (@sebrioux) qui les dénonce courageusement.

Je me remémore mon entrevue en mars dernier avec le psychiatre Jean-François de la Sablonnière. Son plaidoyer fort pour la bienveillance, Twitter ne l'a pas entendu.

Je partage l'article ici : Cultiver la bienveillance

Je ne sais pas ce que sera le Twitter de demain, mais je doute d’être du voyage. La vie est trop courte pour voyager à dos d’oiseau d’un tas de merde. La vie est trop courte pour me mêler à des gens qui ne veulent que rabaisser les autres à la hauteur du néant que constitue leur vie aussi bête que méchante. Inutile aussi sans doute.

Non, Twitter n'a rien d'une colombe.

 

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