Marto et ses ti-pauvres
François Drouin
Tempête sur les z’Internet alors que Martin Castonguay, alias Marto Napoli, annonce la fin de sa collecte «Marto et ses ti-pauvres». La raison : une lettre cosignée par dix membres du Comité de lutte aux préjugés du Bas-Saint-Laurent, invitant Marto à reconsidérer l’utilisation du terme «ti-pauvres».
Courtoise et reconnaissante des efforts de l’ex-animateur, la lettre n’a pas été rendue publique, mais lui a été adressée en privé. Elle s’inscrit clairement comme un appel à la réflexion. Datée de septembre, elle témoigne du malaise de l’utilisation réductrice des «ti-pauvres» et du déterminent «ses». Un malaise qui a déjà été signalé par d’autres organismes, mais pas que. À ma connaissance, Maripier Morin, marraine de l’évènement l’an dernier, n’a jamais prononcé «ti-pauvres» dans ses interventions sur les réseaux sociaux.
Le nom «ti-pauvres» est-il indispensable à la collecte ? La question se pose. Au baseball majeur, les Indians de Cleveland sont devenus les Guardians de Cleveland. Au football de la NFL, les Redskins de Washington sont devenus les Commanders de Washington. Il n'y a pas eu mort d'homme. Et on parle de l'identité même d'équipes légendaires.
Pour moi, c’est principalement Marto Napoli qui incarne son évènement, c'est lui qui rallie à la cause. Alors, pourquoi s’enfarger dans les fleurs du tapis ? Pour l’égo ? L’essentiel ici, me semble que c’est aider les gens, les familles en situation de précarité alimentaire.
Pour qui fait-on la campagne au juste ? Pour soi ou pour aider ? La remise en question est un exercice qui peut être difficile, surtout si on manque de bonne volonté.
BOUCS ÉMISSAIRES
Martin Castonguay aurait pu ignorer cette lettre et continuer ses activités, mais il a choisi de la publier sur les réseaux sociaux près de deux mois plus tard sans masquer les noms des signataires, les transformant en boucs émissaires d’une décision qu’ils n’ont pas souhaitée. Les plaçant sur la sellette, ils les exposent surtout à «ses soldats». C'est le terme qu'il utilise pour désigner ses fans.
Le choix de suspendre la campagne, du moins en 2024, s’explique-t-elle aussi par une baisse de popularité ? D’un montant record de 31 000 $ en 2022, la collecte a significativement diminué l’an dernier, «n'atteignant» que 16 300 $. Honnêtement, c’est un très beau montant, mais qui est pratiquement la moitié de ce qui a été récolté un an plus tôt.
C’est plus facile de diaboliser le wokisme et d’y en attribuer la faute que de se regarder dans le miroir 30 secondes. Bande de fragiles, génération de passe-partout, ont écrit de nombreux internautes. C’est surtout plus facile que de prendre le temps d’écouter et de faire l’effort de chercher à comprendre.
On soulève ce que l'on décrit comme de l’intolérance en appelant à l’intolérance.
La véhémence des réactions est hors de propos. Boycott, congédiement... vraiment ?
Comme trop souvent dans nos débats, l’accent est placé sur le mauvais élément, on en fait une cause politique. La droite contre la gauche, les licornes de gauche contre les hypersensibles de droite. Le focus ne devrait-il pas être sur les besoins ? Comment se fait-il qu’en 2024 la précarité alimentaire soit-elle aussi importante. Allô !?
Mais en voyant les réactions virulentes en ligne, je me dis que c’est vrai qu’on est fragile au Québec. Un simple appel à la réflexion linguistique provoque des réponses telles qu’on en oublie l’essentiel : la solidarité.
On préfère nourrir son foutu narratif que ceux qui ont le ventre creux.
Alors je m'adresse ici à tous ceux en colère et qui l'ont exprimé en partageant la publication de Marto Napoli, en la commentant souvent avec force, si la cause est si importante pour vous, eh bien, donnez ! On s'en fout du nom. Faisons sauter le record, faisons sauter les coffres en banque de nos organismes.
Je vous propose donc ce lien vers le Carrefour d’Initiatives Populaires de Rivière-du-Loup : https://www.cipriviereduloup.com/dons. Je vous invite aussi à donner à l’organisme de votre choix, en temps ou en argent, à Marto aussi, s'il va de l'avant cette année.
Ne faites pas que chialer, donnez ;-)
P.S. La précarité financière, ça ne frappe pas que durant le temps des Fêtes. C’est à longueur d’année. Pas besoin d'attendre une guignolée, que ce soit celle des médias ou celle de Marto.
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