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Le 6 juillet 2016
ACTUALITÉ
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Ghislain Nadeau avait 18 ans en juillet 1966.
Le jeune homme entamait son premier été com-
plet, de juin à août, à l’emploi du principal
employeur de Cabano. Sa famille habitait le «
Village Fraser », secteur regroupant les résiden-
ces de plusieurs employés. La maisonnée était
située à moins de 100 mètres de l’entrée de la
cour du moulin à scie.
« Nous étions assis à l’extérieur avec de la
visite quand le criard s’est fait entendre. C’était
le moyen que prenait le gardien de sécurité pour
sonner l’alarme à l’époque », se remémore M.
Nadeau. « Mon père s’est levé d’un trait.
Ensemble, nous avons couru vers les lieux. »
À leur arrivée, au bas d’un large escalier
menant au 1er étage du moulin, ils ont confirmé
le pire. Des flammes jaunes et rouges rava-
geaient la limerie, pièce située tout en haut du
moulin où les employés « limaient des scies à
ruban ». Sans perdre de temps, père et fils ont
alors sauté sur un petit tracteur et son attelage
stationné tout près et ils sont partis à la recher-
che de boyaux d’incendie que l’on retrouvait à
quelques endroits sur le site.
« Sur le chemin du retour, de nombreux tra-
vailleurs accouraient vers le moulin. Plusieurs
étaient en chemises blanches, puisqu’ils reve-
naient de la messe », raconte M. Nadeau.
Les employés déjà sur place se sont rapide-
ment emparés des boyaux, les ont branchés sur
les bornes-fontaines de la compagnie et se sont
empressés de gravir les marches pour arroser le
brasier. « Mon père m’a alors obligé d’aller
rejoindre ma mère. J’ai obéi tout de suite », a-t-il
ajouté, se remémorant encore très bien de cette
fameuse journée.
Plusieurs dizaines de personnes étaient déjà
présentes sur le site quand le premier camion
d’incendie, celui de la municipalité, est arrivé au
moulin. Selon M. Nadeau, plusieurs autres
étaient également regroupées sur la rue
Commerciale pour assister à ce terrible specta-
cle. Celui d’une centaine d’emplois, en période
estivale,
qui
s’envolaient
en
fumée.
Heureusement, personne n’a perdu la vie dans le
cadre de cet incendie.
EMBRASEMENT RAPIDE
Malgré les efforts des différentes équipes de
pompiers dépêchées sur place, le moulin était
complètement détruit en fin d’après-midi, tout
comme la chaufferie, lieu où l’on faisait la vapeur
qui alimentait la machinerie.
Construit en 1898, le moulin à scie de la
famille Fraser possédait une charpente entière-
ment faite de bois. La présence de produits
pétroliers (huiles et graisses) a aussi fortement
contribué à un embrasement généralisé très
rapide. Le travail des pompiers a toutefois per-
mis de sauver quelques bâtiments érigés à proxi-
mité.
Reste que la chaleur qui émanait du moulin
était tellement forte que les locataires des mai-
sons les plus rapprochés avaient même «
débuté l’arrosage de leurs maisons à l’aide de
boyaux domestiques », raconte M. Nadeau dans
un texte qu’il a écrit sur les évènements. «
Quelques familles avaient même commencé à
sortir leurs vêtements de leur demeure. »
L’incendie du moulin Fraser de Cabano est
certainement l’un des plus gros drames qu’a
vécu la municipalité au cours des 50 dernières
années. « C’était la désolation chez les tra-
vailleurs, une catastrophe pour les pères de
famille. »
Une catastrophe toujours bien en mémoire
Une photo prise par Ghislain Nadeau avec son Kodak Instamatic.
PHOTO : GHISLAIN NADEAU
•
[email protected]MARC-ANTOINE PAQUIN
Le 10 juillet 1966, c’était la catastrophe à
Cabano. Le moulin Fraser, poumon écono-
mique de la petite municipalité témiscoua-
taine, est complètement ravagé par les
flammes. Alors jeune adulte, Ghislain
Nadeau est l’un des premiers ouvriers,
avec son père, à se rendre sur le site. Récit
d’une journée cauchemar-
desque.
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