Le 15 novembre 2017
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infodimanche
DOSSIER
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Francis Trahan avait déjà sévi auprès de deux
autres victimes et purgeait une peine d’emprison-
nement dans un dossier d’agression sexuelle
lorsqu’il était en contact par téléphone et par
courrier avec la victime. Il a été libéré sous proba-
tion dans ce dossier le 9 juin 2016.
DU COURRIER ET DES FLEURS
La femme qui a été harcelée et agressée par
l’accusé affirme avoir reçu du courrier «à la
tonne» dans son témoignage, des lettres
d’amour avec des enveloppes décorées de des-
sins explicites en provenance du pénitencier. M.
Trahan a également appelé la victime de manière
répétée entre le 9 juin 2016 et le 14 juillet 2016. «15
fois par jour, minimum. C’est ce qui a été
compté», a-t-elle témoigné. Cette dernière
affirme qu’elle le voyait partout où elle allait, lors-
que ce dernier était en probation.
Elle se rappelle entre autres d’une sortie
en famille au Festival western de
Dégelis, où elle a pris une seule
photo avec les membres de sa
famille. La victime a été troublée de
voir que Francis Trahan apparaissait à
l’arrière-plan sur son vélo, sans qu’il
n’ait été invité. Il a également envoyé des
fleurs à sa victime, et a suivi le livreur jusqu’à sa
résidence, avant de la confronter au commerce
lorsqu’elle a tenté de rapporter le bouquet pour
expliquer la situation aux employés.
TÉMOIGNAGE PERCUTANT
Dans son témoignage, la dame a affirmé que
même lors de la détention préventive de Francis
Trahan, elle vérifiait à répétition si ses portes de
sa résidence étaient barrées. L’accusé, alors sous
le coup d’une probation, a commis un acte
d’agression sexuelle au mois de juin 2016 à
Dégelis.
«Vous avez dit lors de votre témoignage que
vous vous êtes lavée avec une éponge côté
rugueux. Ça m’a marquée parce que c’est la pre-
mière fois que j’entends ça. C’est un élé-
ment percutant pour comprendre com-
ment une victime peut se sentir à la
suite d’une agression sexuelle», a
souligné la juge Luce Kennedy.
Selon le rapport sexologique de
près de 70 pages, le risque de récidive
de Francis Trahan est élevé. Tous les critères
afin de le déclarer délinquant à contrôler sont
remplis.
«Grâce au fait que cette dame ait porté
plainte, ça lui demandé beaucoup de courage,
nous avons pu mettre une protection pour la
société pour empêcher que cela ne se reproduise.
Il est emprisonné maintenant», a complété la
procureure de la Couronne, Lili-Anne Laforest.
SURVEILLANCE
L’agresseur s’est par ailleurs adressé à la juge
dans le cadre de l’imposition de sa peine. «Je sais
que je vais avoir de l’aide en sortant. Je vais avoir
des ressources pour fonctionner et avoir une vie
normale.» Son avocat, Me Richard Guay, estime
que la surveillance pendant une période de 10 ans
après sa sortie du pénitencier permettra de
réduire les risques de récidive de son client. «Il a
été remis en liberté en juin 2016 sans support
après un séjour en thérapie à Percé. Ç’a donné
une récidive à l’intérieur d’une brève échéance».
En raison de la détention provisoire déjà pur-
gée par Francis Trahan, il lui reste 2 ans à passer
derrière les barreaux, après quoi il sera sous sur-
veillance pendant 10 ans, la période maximale
d’une telle mesure. Il passera donc les 12 prochai-
nes années entre les mains du système de justice.
Il lui sera interdit d’entrer en contact avec sa vic-
time. Une ordonnance de non publication du tri-
bunal permet de protéger l’identité de la victime
dans ce dossier.
L’agresseur et harceleur Francis Trahan déclaré délinquant à contrôler
•
[email protected]ANDRÉANNE LEBEL
À la lumière d’un volumineux et détaillé
rapport sexologique d’environ 70 pages de
l’Institut Philippe-Pinel et du témoignage
d’une victime de harcèlement et d’agres-
sion sexuelle, Francis Trahan, âgé de 38
ans de Dégelis, a été déclaré délinquant à
contrôler et a été condamné à 4 ans de
pénitencier, en plus de faire l’objet d’une
surveillance de longue durée de 10 ans dès
sa sortie de prison.
Arrêté en avril 2016 dans son logement de la
rue Lafontaine, le contrevenant âgé de 61 ans a
immédiatement collaboré avec les policiers et les
enquêteurs de la Sûreté du Québec. Il leur a offert
une déclaration incriminante d’une durée
de près de trois heures lors de son
interrogatoire. De plus, près de 540
documents numériques de porno-
graphie juvénile avaient été décou-
verts chez lui, tout comme des VHS et
des DVD.
«Il connaissait son problème et a continué
à consulter des sites sur le ‘’dark web’’ et a con-
seillé d’autres utilisateurs sur les manières à utili-
ser pour ne pas se faire prendre», a expliqué Me
Lili-Anne Laforest du ministère public. Charles
Roy a plaidé coupable à huit chefs d’accusation
relatifs à la pornographie juvénile le 29 aout der-
nier.
Selon les rapports de deux experts, M. Roy
s’est montré ouvert aux thérapies et serait per-
méable à ce type de traitement. Il a d’ailleurs déjà
commencé à rencontrer un psychologue sans
attendre que cette démarche ne lui soit imposée
par la cour.
«Il a reconnu la gravité des textes qu’il a com-
posés qui sont insupportables, je ne serais pas
capable d’en faire la lecture, et les photos explici-
tes qui montrent des bébés jusqu’à des jeunes
âgés de 15 ans», a complété Me Laforest.
Pendant sa probation d’une durée de 2
ans, il lui serait interdit de se trouver
seul en présence d’enfants de moins
de 16 ans. Il lui sera aussi interdit
d’utiliser Internet et d’occuper un
emploi ou un travail bénévole auprès
de jeunes, et ce à perpétuité.
L’avocat de la défense, Me Claude Simard,
a évoqué que l’arrestation de son client avait été
perçue comme une délivrance. «Il a avoué une
certaine satisfaction d’avoir été pris. Cela signi-
fiait la fin de sa double vie.» Il a souligné égale-
ment que M. Roy n’avait pas filmé ni agressé
d’enfants comme le suggère le chef d’accusation
de production de pornographie juvénile. Il a plu-
tôt stocké et échangé des photos, en plus de
publier des textes destinés à des lecteurs sur le
«dark web». Charles Roy s’est adressé à la juge
de la Cour du Québec Luce Kennedy et a affirmé
« regretter profondément d’avoir contribué au
problème des viols et des agressions envers les
enfants ». La magistrate estime que la peine
d’emprisonnement de deux ans est appropriée
pour cet individu sans antécédent judiciaire. Elle
également rappelé que dès le début, M. Roy dési-
rait plaider coupable aux huit chefs d’accusation
déposés contre lui.
Charles Roy a quitté la salle de cour avec un
sac noir contenant ses effets personnels en
remerciant les avocats et la juge et a pris le che-
min de la détention pour les deux prochaines
années.
Pornographie juvénile : deux ans d’emprisonnement pour Charles Roy
Charles Roy.
PHOTO : ARCHIVES, MARC-ANTOINE PAQUIN
•
[email protected]ANDRÉANNE LEBEL
Le Louperivois Charles Roy, accusé de pro-
duction, de distribution et de possession
de pornographie juvénile pendant une lon-
gue période d’environ 15 ans a été con-
damné le 10 novembre à purger une peine
de deux ans d’emprisonnement assortie
d’une probation de deux ans.
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