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Santé mentale : les demandes d'aide s'empilent au Bas-Saint-Laurent

durée 13 décembre 2021 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Le CISSS du Bas-Saint-Laurent connait une augmentation significative du nombre de demandes de services en santé mentale ces derniers mois. La liste d’attente des adultes compte 530 usagers, alors que la cible du CISSS est plutôt de 335, soit presque 200 de plus…et l’année financière n’est pas encore terminée.

    «Ça fait tout près de deux ans qu’on navigue dans une crise pandémique. L’état psychologique global est moins favorable. Au début de la crise, nous avions observé une diminution des demandes puisque les gens étaient davantage concentrés sur leur santé physique», explique Claudie Deschênes, directrice des programmes en santé mentale et dépendances au CISSS du Bas-Saint-Laurent.

    En raison des mesures sanitaires, plusieurs personnes ont tardé à aller chercher de l’aide, ce qui a entrainé une dégradation de leur santé psychologique et la cristallisation de leurs problématiques de santé mentale avec le temps, ajoute Mme Deschênes.

    La liste d’attente jeunesse compte quant à elle 301 noms, soit 87 de plus que l’objectif du CISSS. Dans la région du Bas-Saint-Laurent, le CISSS a reçu un total de 1 136 demandes pour des services en santé mentale en 2020-2021. Cette année, le nombre de demandes se chiffre déjà à 1 360, soit une hausse de 224, alors que l’année financière se termine en mars. Comparativement, en 2019, soit avant les conditions particulières créées par la COVID-19, 1228 demandes avaient été adressées au CISSS.

    Pour ce qui est de l’accès aux services spécialisés (psychiatrie, suivis en clinique externe, référencements) l’an dernier, le CISSS avait reçu 236 demandes provenant de l’ouest du territoire (Rivière-du-Loup) comparativement à 277 cette année.  En 2019, le nombre de demandes se chiffrait à 234.

    «Pour l’ouest du territoire, nous avons remarqué une hausse des demandes de services en santé mentale spécifiques et spécialisés. Nous avons réussi à maintenir le cap et à diminuer de façon réaliste les délais de prise en charge», détaille Claudie Deschênes. Ils sont passés de 24,94 jours pour avant une assignation à 20,81 jours en un an. Elle ajoute que tous les postes de psychiatres sont comblés à Rivière-du-Loup, ce qui aide la prise en charge la clientèle.

    La situation est plus critique dans le secteur est du Bas-Saint-Laurent, alors que les demandes sont passées de 418 en 2019-2020 (pré-pandémie de COVID-19) à 730 en 2021-2022, soit une hausse de 74 %. Lors de l’année 2020-2021, 463 demandes à ce sujet ont été adressées au CISSS. Des chaises sont vacantes en psychiatrie dans l’est du Bas-Saint-Laurent, notamment à Rimouski.  

    SOLUTIONS

    La présidente et directrice générale du CISSS du Bas-Saint-Laurent, Isabelle Malo, indique que plusieurs actions ont été menées au cours de la dernière année pour réduire le nombre de personnes sur les listes d’attente. Cette augmentation est cohérente avec le volume d’activités qui a crû de façon très importante. Le CISSS doit donc s’ajuster et accroitre sa capacité organisationnelle, estime-t-elle.

    Des groupes de soutien ont été mis en place et des suivis sont faits auprès des gens en attente pour évaluer leur condition afin de «prioriser les usagers de façon continue». Selon Mme Malo, l’allongement de la liste d’attente s’explique par un ensemble de facteurs. «La conjoncture en lien avec la COVID-19 conjuguée à certains enjeux de main-d’œuvre et à beaucoup de mouvement de médecins spécialistes en santé mentale nous a légèrement fragilisés», précise Isabelle Malo.

    De plus, 25 contrats ont été signés avec des personnes qui ont de la formation en psychothérapie. Des ententes de collaboration et d’achats de services avec des cliniciens formés en santé mentale au privé, moyennant une rétribution ont aussi été conclues.

    Un réseau d’éclaireurs multidisciplinaires sera bientôt formé pour faire de la détection précoce et de la sensibilisation auprès des personnes qui souffrent de différents problèmes de santé mentale. Les éclaireurs sont des personnes outillées et formées pour repérer les signes précurseurs d’une détérioration de la santé mentale dans plusieurs secteurs. Ils seront déployés dans des organismes communautaires, dans le réseau de la santé ou dans certaines entreprises, par exemple. Par leur présence sur le terrain, ils peuvent mener des actions directes de prévention.

    Les citoyens sont invités à rester à l’affut des signes de détérioration de la santé mentale de leurs proches, à l’approche des Fêtes. Claudie Deschênes indique que le service gratuit Info Social, au 811, option 2 est disponible en tout temps 24h/24 et 365 jours par année. Il s’agit d’une porte d’entrée des services sociaux.

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