Le parrainage scolaire en péril à la Maison de la famille du Grand-Portage
En raison de changements apportés aux critères d’un programme de financement fédéral pour les enfants, le service de parrainage scolaire, offert depuis 25 ans par la Maison de la famille du Grand-Portage, à Rivière-du-Loup, est menacé.
«Si ça tombe, ces enfants-là qui ont besoin de soutien, les familles, les écoles, ils vont aller où? […] Je suis certaine que les enseignantes voient une différence, avec notre service. C’est sûr qu’il y en a qui vont tomber dans des trous et qu’on va en échapper», déplore la directrice de la Maison de la famille du Grand-Portage, Julie Bélanger.
Les critères du Programme d’action communautaire pour les enfants (PACE) font en sorte que les projets qui sont déposés doivent s’adresser aux 0 à 6 ans. Ils excluent donc le parrainage scolaire des enfants du primaire, de la 1ère à la 6e année.
La Maison de la famille recevait un montant de 22 000 $, par l’entremise de son collaborateur Pro-Jeunes-Est de Rimouski, qui lui permettait d’engager un employé et de faire la gestion de ce service. Sans subvention, il sera très difficile d’offrir le parrainage scolaire gratuitement à toutes les familles, fait valoir Julie Bélanger. Elle devra donc trouver du financement ailleurs. Chaque année, une vingtaine d’enfants sont accompagnés par des tuteurs d’espoirs.
Depuis le début du projet en 1999, environ 400 enfants ont été accompagnés par le parrainage scolaire de la Maison de la famille du Grand-Portage. Vicky Thibault, intervenante à la motivation et au soutien scolaire, y est attitrée à temps plein. Les enfants qui ont recours à ce service sont référés par diverses ressources et des enseignantes.
«Ça vise toutes les familles, mais on peut en avoir certaines qui sont dans un milieu plus difficile ou vulnérable. Le parrainage a sa place dans le système scolaire, qui est très appréciée», ajoute Charles Goulet de la Maison de la famille du Grand-Portage.
Le parrainage scolaire agit aussi comme une porte d’entrée permettant aux parents d’accéder aux autres services offerts par l’organisme communautaire. Les tuteurs offrent de l’aide individuelle aux enfants qui bénéficient du parrainage scolaire. Ils créent des liens, échangent, avant de travailler sur les devoirs et les leçons et la rencontre se termine par une période de jeu.
Ginette Bélanger est tutrice d’espoir depuis 12 ans. Elle aide l’élève dont elle a la responsabilité deux fois par semaine. «C’est un minimum pour être capable de bien suivre», souligne-t-elle. Avant de prendre sa retraite, elle travaillait à l’aide financière aux études, au Cégep de Rivière-du-Loup. «Donner, montrer, expliquer, c’est comme si c’était dans ma génétique. J’adore ça, ajoute-t-elle. Je n’ai aucun enfant qui est venu à l’aide aux devoirs et que ça ne lui disait pas. L’intérêt est là […] Il n’y a rien de plus beau qu’un jeu de Serpents et échelles pour apprendre à compter jusqu’à 100!»
Les tuteurs sont pour la plupart des personnes retraitées ou des étudiants au Cégep. Au cours des dernières années, la Maison de la famille a éprouvé des difficultés de recrutement de bénévoles, et une liste d’attente d’enfants ayant besoin de parrainage scolaire a été mise en place. En bout de ligne, ce service permet de prévenir le décrochage scolaire, croit Julie Bélanger. Les enfants créent des liens significatifs avec une personne qui leur vient en aide dans leurs parcours scolaire et qui croit en eux.
«Ils prennent confiance et ils ont hâte de venir à l’aide aux devoirs», constate Ginette Bélanger. La fin du financement est prévue en mars 2025. D’ici à ce moment, la directrice de la Maison de la famille du Grand-Portage se met à la recherche de fonds… et de solutions.
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