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Les tenanciers de bar souhaitent être aidés davantage 

durée 2 avril 2020 | 06h56
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Les propriétaires de bars de la région dénoncent le peu d’aide qui leur est présentement accordée par le gouvernement fédéral afin de pallier les effets de la crise actuelle liée au coronavirus. Les bars sont en effet inadmissibles à plusieurs des programmes annoncés par Ottawa récemment. 

    «Nous sommes un peu laissés à nous-mêmes, remarque Pier-Olivier Ruest, copropriétaire d’un complexe de la rue Lafontaine abritant notamment La P'tite Grenouille RDL. Ça serait apprécié d’avoir de l’aide nous aussi.»

    L’homme d’affaires cible entre autres l’octroi de prêts d’urgence pour les PME. Le gouvernement canadien, via la Banque de développement du Canada (BDC) a débloqué la semaine dernière un fonds de plusieurs milliards de dollars pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises. 

    En gros, chaque PME qui en fait la demande pourrait obtenir un prêt (d’urgence) sans intérêt jusqu’à concurrence de 40 000 $ sur une période de 12 mois. Une portion non remboursable de 25 % de ce prêt pourrait même être créditée, si l’échéance de remboursement établie est respectée.  

    Dans une période d’incertitude comme celle-ci, l’offre est intéressante. Mais les bars n’y ont pas accès, malheureusement. Les établissements font partie des entreprises «dont 50 % et plus des revenus sont reliés à l’alcool». Les canaux de distribution leur sont donc automatiquement fermés par la BDC.  

    «Il n’y a rien de gratuit, évidemment. Le 40 000 $, ça reste un prêt, mais on le prendrait, confirme Éric Gagné, copropriétaire du Complexe Le Triangle, soulignant que la fermeture de ses établissements a forcé l’arrêt de travail d’une quarantaine d’employés. On essaie de couper où c’est possible présentement (câble, terminaux de paiement, etc.), mais on a quand même des obligations financières à respecter.»

    Il estime, tout comme Pier-Olivier Ruest, que les critères d’admissibilité auraient dû être changés, étant donné l’état d’urgence actuel. Ça n’a visiblement pas été fait. 

    «Ce qui est frustrant, c’est que d’un côté, on ne nous aide pas parce qu’on a des revenus de la vente d’alcool, mais de l’autre, les succursales SQDC et SAQ du Québec restent ouvertes au même titre que les services essentiels. Il y a un gros non-sens à ce niveau-là», ajoute le copropriétaire de La P'tite Grenouille, précisant qu’il emploie aussi, normalement, plusieurs dizaines d’employés. 

    «C’est comme si les deux paliers de gouvernement ne se parlaient pas», illustre Éric Gagné. 

    IMAGE NÉGATIVE 

    Aux yeux de la BDC, les bars font partie d’une «liste noire», un «index» comme l’a imagé un chroniqueur du Journal de Montréal cette semaine, au même titre que les casinos, les prêteurs sur gages et les entreprises reliées au sexe, notamment. 

    «Pourquoi les bars sont-ils tous catégorisés dans les indésirables de la société par nos autorités?», se questionne Célestin Simard, lui aussi propriétaire d’établissements sur la rue Lafontaine. «Plutôt que de mettre tous les bars dans le même panier, il faut faire la différence. Si certains bars sont des cas problèmes pour la société, faisons le ménage. Si [les autorités croient] que certains bars sont infiltrés par le crime organisé, faisons le ménage. Et laissez les autres vivre.»

    Pier-Olivier Ruest voit plus loin. Il espère que la situation actuelle permettra une réflexion sur les préjugés envers les bars. «S’il peut y avoir une mise à jour au niveau de l’image que la société se fait des bars, ce serait bien. On est loin de la prohibition. Les bars sont bien gérés […] L’industrie est maintenant axée sur la restauration. C’est vraiment différent», dit-il. 

    SURVIVRE 

    Si la crise s’éternise plusieurs mois, sans une aide adéquate, les endroits qui animent les quartiers ou les centres-villes de la province, comme les bars, devront sans doute être forcés de fermer leurs portes. Pier-Olivier Ruest assure que son établissement rouvrira après la crise, mais il y a tout de même des incertitudes. 

    «Comment est-ce que le citoyen va consommer? Est-ce que les gens vont rester un peu apeurés? Est-ce qu’ils vont se rassembler? […] Il y a plusieurs questions, mais on va prendre les mesures qu’il faut, selon les nouvelles habitudes.»

    Reste que les liquidités vont avoir fondu et les projets vont avoir été retardés. Dans certains cas, des sommes importantes ont même déjà été investies dans des travaux. 

    «Nous investissons aussi dans la communauté. Nous sommes les premiers à être sollicités. J’offre plusieurs milliers de dollars par année en commandites. Je vis avec le monde et le monde vit avec moi, mais là, on est en train de nous tuer», lance Célestin Simard.

    Les tenanciers de bars locaux espèrent que le gouvernement change son point de vue et leur offre une meilleure accessibilité aux programmes d’urgence. À ce sujet, le député de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, Bernard Généreux, a confirmé, lorsqu’il a été interpellé sur les réseaux sociaux, qu’une lettre avait été envoyée au premier ministre Justin Trudeau. Célestin Simard, qui lui a parlé dans les derniers jours, mentionne avoir été écouté et surtout compris. 

    SUBVENTIONS SALARIALES

    Notons enfin que le gouvernement du Canada a indiqué que les bars étaient admissibles aux subventions salariales de 75 % que compte verser le gouvernement Trudeau aux entreprises canadiennes. Mais encore faut-il que le programme puisse s’adapter aux situations propres de chaque entrepreneur. Actuellement, les bars et restaurants sont fermés, les factures s’accumulent et les employés sont à la maison. Difficile, dans ce contexte, de se réjouir d’une mesure ciblant leur paie.  
     

     

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