Tout ça pour un Bungalow!
Geneviève Malenfant Robichaud
Si on demandait aux gens dans la rue de nommer une caractéristique de l’art au Québec, le recours à l’humour ferait probablement partie du top 3. Le récent retour à la télé de classiques comme La petite vie ou Un gars, une fille montre à quel point ce type d’œuvres font partie de notre ADN. Côté cinéma, quelques grosses franchises comme Les Boys ou Bon Cop, Bad Cop confirment ce point de vue. Mais quand est-il des plus petites comédies ? Réussissent-elles à faire leur place au milieu des films américains et les nouvelles versions de vieux succès ?
Si j’en parle aujourd’hui, c’est que le festival Vues dans la tête de… a offert une primeur cette année, soit l’avant-première de la comédie Bungalow. Cette sélection par Robert Morin a donné lieu à l’une des soirées les plus hilarantes de ma vie. Les lignes sont drôles, les acteurs assument complètement leurs rôles et les décors sont mémorables.
Pourtant, le film aborde de front un sujet qui touche la nouvelle génération d’adulte : les difficultés d’accès à la propriété. On ne s’aventure pas jusqu’à la critique de la crise du logement ou à l’attaque directe du capitalisme sauvage, mais cette histoire illustre bien l’absurdité de la situation actuelle.
Pour résumer rapidement, un couple achète une maison en piteux état en se disant qu’ils réussiront bien à la remettre en état et à leur goût. Évidemment, tout ce qui peut aller mal ira mal ; le manque d’argent amenant mauvaise décision par-dessus mauvaise décision.
L’entrevue qui a suivi la projection a été aussi intéressante que le film. Lawrence Côté-Collins est arrivée vêtue d’un veston rose fluo et de chaussures plateformes lumineuses, rappelant les goûts intenses des personnages. Elle a raconté que tous les décors intérieurs ont été faits à l’intérieur de deux entrepôts, un pour le bungalow et l’autre séparé en deux pour faire le sous-sol et une pièce-à-tout-faire où tourner presque tout le reste. Les scènes du bungalow ont donc été tournées en ordre chronologique en alternant avec les scènes dans l’autre entrepôt afin de permettre à l’équipe technique d’effectuer les travaux (non, Ève Landry n’a pas ses cartes de construction !). Les acteurs ont donc réagi à chaud à plusieurs transformations. Elle a aussi mentionné que les restrictions Covid ont limité le nombre de prises.
Plusieurs anecdotes de rénovations ont été inspirées de faits réels. Par exemple, l’histoire de l’escabeau qui fait un trou dans le bain neuf est arrivée à une personne de son entourage. De plus, ses parents « flippaient des maisons » avant le temps et elle a déjà travaillé pour une émission de rénovation connue. La plupart des choix de décoration ne sont pas complètement inventés non plus… Oh et le photographe joue son propre rôle, a pris les photos des fiançailles dans son véritable studio et a produit le photomontage lui-même !
Bungalow se retrouvera sur les écrans partout en province le 7 avril. Je vous invite à le voir dès sa sortie. La première fin de semaine de sortie est toujours la plus critique pour la suite de la carrière des créateurs et, personnellement, j’en veux déjà plus !
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