Les trolls
Samuel Saint-Denis-Lisée
La publication de l'article d'Info Dimanche sur Sébastien Rioux de Trois-Pistoles qui a subi les attaques continues d'un troll1 et le déferlement de haine envers Barbada (et les drag queens en général) qui fait les manchettes actuellement avec notamment la pathétique pétition d'Éric Duhaime2 nous rappellent à tous, collectivement, l'existence de cette vile engeance qu'on appelle communément un troll.
"En argot internet, un troll caractérise un individu cherchant l'attention par la création de ressentis négatifs, ou un comportement qui vise à générer des polémiques. Il peut s'agir d'un message (par exemple sur un forum), d'un débat conflictuel dans son ensemble (surtout politique) ou plus couramment de la personne qui en est à l'origine."3
En naviguant sur l'infinie toile de l'internet, il est assez courant de croiser le chemin d'un troll, sauf si on se concentre en des lieux ou sur des sujets en particulier, comme les photos de chats, qui sont moins fréquentés par les trolls. Évidemment, ce n'est pas parce qu'on ne voit pas de traces évidentes de troll que celui-ci n'est pas passé dans le coin préalablement. Heureusement, certains sites et réseaux sociaux réussissent tant bien que mal à endiguer la horde de trolls.
Et il y en a d'autres où les trolls ont carrément pris le contrôle. À mon sens, Twitter est l'archétype d'un réseau social sur lequel les trolls ont beaucoup trop de pouvoir. J'avais d'ailleurs été témoin sur Twitter de certaines attaques violentes à l'égard de Sébastien Rioux, mais malheureusement, signaler les tweets de l'harceleur n'avait été qu'un coup d'épée dans l'eau.
À une époque qui m'apparaît lointaine, j'appréciais parcourir le web et croiser le verbe avec des adversaires politiques. C'était une époque pré-pandémique, une époque pré-Trump. Certains dérapages existaient déjà alors (j'avais été victime d'un photomontage qui mélangeait mon visage à des excréments), mais j'appréciais en général mon expérience.
Je crois que j'ai décroché le jour où un internaute tentait de me démontrer, photomontage à l'appui, que Lady Gaga était une sataniste4. J'étais capable de gérer des trolls, qui restaient nuisibles, mais en nombre limité. Mais débattre avec un individu lambda qui écoute comme parole d'évangile les propos de trolls et qui les recrache comme si c'était une vérité absolue, c'est particulièrement décourageant.
Je me sens coupable parfois d'avoir laissé le champ libre aux trolls de ce monde de diffuser et d'entretenir la haine. Ma santé mentale s'en porte mieux, mais les victimes des trolls subissent des attaques qui ne font aucun sens dans une société qui se dit civilisée.
Il faudra un jour ou l'autre que nous trouvions des solutions, collectivement, au fléau des trolls.