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Une saison estivale exténuante

durée 28 août 2023 | 13h43
Pierre Lachaîne
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Pierre Lachaîne

Une saison estivale exténuante

Évidemment, les changements climatiques sont au cœur des bouleversements entraînés par les fortes pluies causant inondations et glissements de terrains. Si certaines régions furent véritablement noyées sous l’eau, d’autres ont subi un sort inverse, incendies de forêt à la faveur de sécheresses et de chaleur extrême. La question n’est plus de savoir si l’ensemble des catastrophes est lié ou pas au fait que la planète change mais plutôt d’essayer de prévoir le moment et l’endroit où elles se produiront. Désormais nous sommes fixés, nous devons faire en sorte de nous adapter dans la mesure du possible.

La misère frappe souvent de manière sournoise et les personnes les plus vulnérables sont les premières à en subir les conséquences. Deux années de pandémie ont attisé les braises et surmultiplié les carences pour ainsi éloigner bon nombre de citoyens du droit au bonheur dans sa plus simple expression. L’itinérance, le manque criant de logements sociaux, la consommation de drogues dures à ciel ouvert, l’augmentation fulgurante des sans-abris ou des sans-papiers, peu importe le qualificatif utilisé pour les identifier, ces personnes sont en manque d’un bien essentiel : un toit sur la tête. Des milliers de personnes qui vivent dans des conditions de pauvreté extrême et malheureusement, trop souvent, qui doivent composer avec des conditions qui ne conviendraient pas à des animaux.

Cette problématique de paupérisation absolue était, historiquement du moins, plus apparente dans les grandes villes. Mais voilà, la nature essentielle du capitalisme étant la concentration de la richesse avec comme corolaire l’appauvrissement du plus grand nombre, les plus petites villes en sont maintenant accablées. Les groupes communautaires sont aux premières lignes pour tenter d’amoindrir les ravages mais force est de constater que les outils dont ils disposent sont nettement insuffisants. Dans le centre-ville de Montréal, des groupes distribuent au-delà d’un million de seringues pour enrayer la transmission de maladies, notamment l’hépatite et le sida. Dans ces centres d’injection supervisés (CIS), les usagers peuvent bénéficier d’un encadrement médical et ainsi prévenir les surdoses.

Tous les itinérants ne sont pas enfermés dans la spirale de la consommation. Néanmoins, lorsque l’on pose un regard sur les problèmes liés à l’itinérance, la solution qui se pointe en premier lieu est la création de logements sociaux. Créer des logements en quantité suffisante ne se fait pas par magie. Il est possible de transformer des espaces qui ne servent plus à leur affectation initiale en quelque chose d’autres. Essayez d’imaginer une boule de laine tout emmêlée, dont les couleurs sont disparates à tel point qu’il soit impossible d’en déterminer la couleur dominante. C’est ce à quoi ressemble cette misère.

Maintenant, d’autres variables viennent assombrir le portrait. La hausse des taux d’intérêts, l’inflation et la réduflation. Dans le premier cas, les augmentations successives des coûts de certaines denrées ont contribué à l’augmentation des produits à l’épicerie sans oublier, comme toujours, que certaines entreprises en profitent pour améliorer leur santé financière et c’est là qu’entre par la porte de derrière la réduflation qui consiste à réduire la quantité et/ou la qualité d’un produit en l’offrant au même prix ou encore plus cher qu’avant.

Il ne faut pas oublier le problème que suscite la cohabitation difficile entre les gens. Car malgré toute l’empathie que nous puissions avoir à l’égard des gens qui vivent dans ces horribles conditions il faut également avoir de la compassion pour ceux et celles qui vivent à proximité de ces lieux. Lorsque vient le moment de choisir un endroit pour implanter un CIS, le phénomène du « pas dans ma cour » apparait et il est difficile de ne pas en comprendre les raisons. Prenons, en exemple le Village dans l’est de Montréal. Ses commerçants, les uns après les autres, ont dû fermer leurs établissements pour protéger leur personnel et leurs clients. Quand on pense qu’en pleine terrasse et en plein jour des clients se sont fait voler leur nourriture ou ont été victimes de harcèlement, nous n’en sommes plus à un détail près.

Ce que l’avenir nous réserve n’est pas signe d’apaisement. Les dix Américains les plus riches possèdent plus que la somme du PIB (produit intérieur brut) des 106 pays les plus pauvres. Comme le dit un vieil adage, se mettre les yeux en face des trous est parfois brutal. Le moment serait-il venu de citer Léon Trotsky : « socialisme ou barbarie ».

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