Mes 15 suggestions de livres québécois de l’année
Geneviève Malenfant Robichaud
Le défi 1 livre québécois par mois a beau être terminé depuis 2 ans, il n’est jamais trop tard pour parler de littérature québécoise ! Je vous partage 15 titres parmi mes lectures marquantes de l’année.
Roman
1. Les marins ne savent pas nager par Dominique Scali : Œuvre très remarqué et primé qui s’inspire des romans d’aventure du début du siècle dernier. C’est une bibitte littéraire dans le panorama québécois. L’histoire se déroule sur une île fictive séparée entre la vie rude des marins et habitants du littoral et celle de la cité fortifiée où les apparences sont trompeuses. Si vous êtes du genre à chercher tous les mots inconnus dans le dictionnaire, vous allez développer une tendinite, mais ça se lit bien malgré tout ! Contente de l’avoir lu, mais j’aurais apprécié que l’accent soit davantage sur le parcours de l’héroïne plutôt que les hommes qu’elles y croisent. La structure est un peu complexe et le roman, épais, mais on finit par y trouver son compte.
2. Valide de Chris Bergeron : Autofiction de science-fiction projetée dans un univers pas si éloigné où l’intelligence artificielle contrôle tout. La narratrice trans se lance dans un long monologue adressé à l’ordinateur dont elle prend le contrôle où elle révèle son identité cachée. Très bien écrit et facile à suivre, mais il n’y a pas de chapitre ou de séparation claire des sections. Une manière originale de parler de la réalité trans. Le côté science-fiction me semble adéquat, mais les fans finis du genre trouveront probablement que c’est plus un procédé littéraire qu’un univers bien développé.
3. La vallée de l’étrange de J.D. Kurtness : Courte histoire de science-fiction de proximité (dans un avenir rapproché et relativement réaliste). Une artiste en art visuel réussit à développer des robots, d’apparence humaine ou animale, qui sollicite parfaitement notre affection. La narration passe d’un point de vue à un autre (la créatrice, l’un des programmeurs, l’un des robots, le responsable d’un centre de recyclage) et oscille entre plusieurs années. J’apprécie toujours autant le style de cette autrice, mais j’aurai pris un peu plus d’humour noir.
4. La version qui n’intéresse personne d’Emmanuelle Pierrot : Le livre qui attirait tous les regards à la rentrée automnale. Autobiographie fictionnelle où la narratrice raconte comment elle s’est accidentellement (selon ses dires) mis à dos tout un village du Yukon où se retrouvent les exclus et les rebelles. Très punk comme histoire, mais avec un recul sur les dynamiques malsaines qui peuvent s’établir. Parfait roman pour comprendre les effets nocifs que peuvent avoir les rumeurs. Quelques belles tournures de phrases ont attiré mon attention. Plus proche du récit de vie que du récit de voyage. Avertissements pour violences, violences envers les animaux et mention de la pandémie.
5. Camille de Patrick Isabelle : Roman jeunesse au sujet difficile (comme Patrick Isabelle sait si bien le faire). Camille fuit son père violent en Gaspésie accompagnée de sa mère. La famille de celle-ci, qu’elle n’a jamais rencontrée avant, deviendra sa deuxième chance de se créer une belle vie. Confrontant, mais lumineux malgré tout. Difficile d’évaluer si un. e ado dans la même situation s’y reconnaitrait, mais ça me semble habile.
Théâtre
6. Nyotaimori de Sarah Berthiaume : Difficile de résumer cette pièce, sinon de dire qu’on y fait la critique du capitalisme via multiples histoires qui créent une bouche parfaite.
7. Vous êtes animal de Jean-Philippe Baril Guérard : Que serait-il arrivé si la théorie de l’évolution était apparue à notre époque ? Critique du système médiatique et de l’ère de la post-vérité. L’auteur nous offre une pièce de faux théâtre documentaire, poursuivant sa tradition de narration inhabituelle.
8. Wollstonecraft de Sarah Berthiaume : Réécriture moderne de Frankenstein où le personnage principal est à la fois le docteur et Mary Shelley. Une autrice bouleversée par un échec professionnel et des fausses couches a recours à une imprimante 3D pour donner la vie. Mais saura-t-elle prendre soin de sa création ?
Bande dessinée
9. Les pires moments de l’histoire par Charles Beauchesne et Xavier Cadieux : Mise en image des chroniques de l’humoriste à La soirée est (encore) jeune. On entend parfaitement le ton très particulier de Charles Beauchesne et les images un peu caricaturales s’accordent bien. Il y a quelques gags visuels supplémentaires. Évidemment, le sujet et le style d’humour ne sont pas pour tout le monde. Peut-être mieux d’écouter un épisode du balado avant d’acheter si vous ne le connaissez pas.
10. Aliss par Patrick Sénéchal et Jeik Dion : Adaptation efficace, même si je préfère le roman. J’ai aimé les petites introductions de chaque chapitre qui sépare bien l’histoire. Il est relativement facile d’identifier les références à Alice aux pays des merveilles. Bien sûr, c’est de l’horreur intense et sanglante (et sexuelle) ; ne pas laisser traîner à portée des enfants.
11. Si on était... tome 2 d’Axelle Lenoir : Deux adolescentes ont un jeu depuis leurs enfances : elles doivent imaginer leurs vies si elles étaient (insérez dans Star Wars, dans un conte de fées, au jour de l’an, l’incarnation du weird, etc.). Il y a alors prétexte à des styles d’illustrations différents et de nombreuses blagues. L’autrice en profite pour faire évoluer subtilement les deux amies au fil des vignettes. Je conseille de débuter par le tome 1, mais possible de suivre tout de même en partant du deuxième.
Essai/biographie
12. Ce que je n’ai jamais raconté par Isabelle Richer : Je conseille davantage le balado, mais ce recueil d’anecdotes récoltées lorsqu’elle travaillait comme journaliste judiciaire est intéressant et complémentaire. J’aime la position nuancée et empathique d’Isabelle Richer. Son point de vue est aussi unique (ne porte pas sur l’enquête ou sur des entretiens avec les criminels ou les victimes). On a accès à des informations sur plusieurs procès québécois (surtout avec le balado). Les cas les plus marquants de sa carrière sont toutefois difficiles à entendre ou lire ; avis aux âmes sensibles.
13. Bruno Pelletier —Il est venu le temps par Samuel Larochelle : Bruno Pelletier ayant toujours refusé les projets de biographie, il s’agit plutôt d’une transcription d’entretiens, une fois que l’auteur eut gagné la confiance du chanteur. Bruno Pelletier et Notre-Dame-de-Paris ont marqué mon adolescence et j’adore la série jeunesse de Samuel Larochelle ; bref, combinaison parfaite ! On en apprend pas mal sur sa carrière, certains aspects de sa vie personnelle, son processus de création, des anecdotes de travail, son point de vue sur l’industrie et la transmission du métier, etc. Le plus gros problème, ce sont les changements de sujets fréquents (pas raconté en ordre chronologique, sujets parfois abandonnés rapidement, etc.). Mais bon, c’est probablement le plus de mots sur sa vie qu’on va réussir à aller chercher, alors…
14. Mon année martienne par Farah Alibay : Mélange d’autobiographie, de récit d’un événement (la mission Persévérance) et de capsules scientifiques. L’aspect humain est aussi intéressant que l’aspect scientifique ; mais j’avais souvent envie de passer rapidement sur ses difficultés vécues à cause des nombreuses minorités dont elle fait partie pour en savoir plus sur la mission.
15. Par l’amour du stress de Sonia Lupin (version révisée) : Ouvrage de vulgarisation scientifique très efficace et facile à lire. On en vient à mieux comprendre ce qui rend une situation stressante et comment tenter d’y faire face. Une version pour les parents est aussi disponible.
Bonus
Wisdom Nonsense: Invaluable Lessons From My Father by Heather O’Neil: La version en français est disponible avec la nouvelle traduction de La balade de Baby. Son père étant un criminel, les conseils qu’il a donnés à sa vie sont… disons… discutables. L’autrice en parle malgré tout avec humour, affection et recul.
1 commentaires
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idéal pour explorer des genres et des sujets qui peuvent bonifier nos champs d'intérêts.
Bravo et merci.