La fraude des grands-parents

La fraude des grands-parents ne m’intéressait pas vraiment jusqu’au mois dernier. J’ai toujours pensé que c’était juste un nouveau genre d’arnaque qui remplace ou plutôt qui s’ajoute aux dizaines de fraudes en tout genre qui font des victimes partout dans le monde.

Mais voilà qu’un lundi de mai, ma mère a reçu un appel en milieu d’après-midi. La personne au bout du fil avait une voix angoissée. Immédiatement et elle ne sait pas pour quelle raison, cette grand-mère a cru reconnaître la voix de son petit-fils, le plus vieux, celui qui a presque 30 ans. L’histoire qu’elle entendait au bout du fil était inquiétante. Son petit-fils serait en prison pour avoir causé un accident car il regardait son cellulaire. L’accident aurait blessé grièvement une femme enceinte. Il avait donc absolument besoin de 4 500 $ pour être libéré.

Je vous rassure tout de suite, ma mère n’a pas été arnaquée. Elle est lucide comme à ses 30 ans. Elle a une belle relation avec ses petits-enfants. Elle leur parle régulièrement, ils lui rendent visite et elle connaît leur niveau de vie.  Mais elle a cru reconnaître la voix de son petit-fils et son cœur a flanché. Était-il blessé?  Comment l’accident s’était-il produit? Où? Et les réponses qu’il donnait faisaient du sens. Alors elle a dit oui, je vais te prêter l’argent.

Le faux petit-fils au bout du fil lui a alors dit que son avocat allait la rappeler pour régler les détails. C’est à ce moment qu’elle a eu son premier doute. Un avocat? Pourquoi pas ta mère ou ton père?  Mais, m’a-t-elle dit, on parle de mon petit-fils. Il est en prison. C’est sûr que je vais payer. Et de toute façon, avant qu’elle ne puisse poser une nouvelle question, l’autre avait raccroché.  Quelques minutes après, c’est l’avocat qui appelait pour lui confirmer qu’il passerait prendre l’argent chez-elle, qu’elle devait donc aller à sa banque rapidement et qu’il la recontacterait plus tard pour fixer le rendez-vous.

Et là, ma mère a commencé à douter très fort. Elle s’est demandé pourquoi l’avocat viendrait chez-elle alors que son petit-fils n’habite pas au Bas-Saint-Laurent?  Et depuis quand les avocats ramassent de l’argent cash?

Elle a alors repris son téléphone et a appelé son petit-fils premier né, prunelle de ses yeux. « Non mamie, je ne suis pas en prison. Et non mamie, je ne te demanderai jamais de me prêter 4 500 $. »  Fiou!

Tout est bien qui finit bien? Oui, mais non…

Ma mère a alors contacté la SQ. On lui a répondu : « Vous n’êtes pas la seule madame. S’ils rappellent, ne parler pas et raccrochez immédiatement la ligne. »

Juste ça.

Mais c’est ce qu’elle a fait lorsque les arnaqueurs l’ont rappelé, 3 fois de suite dans l’heure suivante, elle a raccroché sans dire un mot.  À la fin de l’après-midi, ma mère était fatiguée et nerveuse, mais pour elle l’histoire se termine bien.

Toutefois, dans les semaines suivantes, j’ai constaté que la fraude des grands-parents avait touché plusieurs personnes au Bas-Saint-Laurent. Des mamies ont donné 4 000 $ ou 4 500 $ ou 6 000 $, etc. On m’a raconté de nombreuses histoires. De fraudes, il y en a de tous les genres. Et ça se passe ici, chez-nous, chez-vous, chez nos voisins! 

Je sais qu’il y a actuellement énormément de crises dans le monde. Mais je crois qu’il serait bien de regarder aussi autour de nous. Parce que des histoires de fraudeurs des grands-parents, ça ne fait pas beaucoup l’actualité et surtout, si ça ne nous touche pas, ça ne nous intéresse pas. Je le sais, j’étais comme ça il y a quelques semaines.

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Le 15 juin, c’est la Journée internationale de lutte contre la maltraitance envers les personnes âgées. Profitons-en donc pour discuter de fraude et de maltraitance financière avec les personnes aînées de notre entourage. Elles doivent connaître les risques.

Voici quelques conseils remis par la SQ et diffusés par Radio-Canada en 2023 :

• Ne remettez jamais d’argent à un inconnu ou à une personne dont vous n’avez pas vérifié l’identité.
• Lorsque quelqu’un se montre trop insistant ou même insolent (un exemple : il exige votre réponse sur-le-champ), posez-vous des questions et ne lui faites pas confiance d'emblée.
• Posez des questions d'ordre personnel auxquelles seule cette personne serait en mesure de répondre.
• Ne divulguez jamais vos renseignements personnels ou vos informations bancaires lors d’un contact non sollicité, peu importe le moyen de communication utilisé.