Défi Les libraires 2024
Geneviève Malenfant Robichaud
Nous approchons déjà de la fin novembre et de ma dernière chronique de l’année. Suivant ma tradition personnelle, c’est donc l’heure de vous partager mon défi de lecture annuel. Puisque le défi Je lis un livre québécois par mois n’existe plus, Les libraires ont pris le relais. Il n’est pas trop tard pour participer ; l’objectif est uniquement d’avoir une excuse pour découvrir des livres québécois !
Janvier : Livre rempli d’humour : Le syndrome de la vis par Marie-Renée Lavoie
J’adore l’humour de cette autrice et je n’avais pas encore lu son deuxième roman. À mon avis, c’est le moins réussi, mais on passe quant même un bon moment avec cette prof de Cégep insomniaque qui doit rapiécer sa vie après avoir pété sa coche.
Si le nom de l’autrice vous dit quelque chose, c’est que son roman La petite et le vieux vient d’être adaptée au cinéma (une bonne suggestion pour octobre !).
Février : Une biographie ou autobiographie : J’ai risqué ma vie pour des images-Derrière la caméra de Patrice Massenet
Un point de vue rare pour une autobiographie : celle d’un caméraman attitré aux nouvelles internationales pour Radio-Canada. À travers ses 50 ans de carrière, le livre revient sur des moments clés de l’histoire autant que sur des histoires méconnues.
Les souvenirs sont très bien écrits et mis en contexte. Il y a un équilibre entre le drame, l’action, l’espoir et l’humour. Pas pour tout le monde, puisqu’il y a bien sûr des moments difficiles, mais une belle découverte.
Mars : Un livre dont le titre n’a qu’un mot : Furie de Myriam Vincent
Très gros coup de cœur pour l’écriture de cette autrice, dont j’avais entendu parler à plusieurs reprises. Ce roman écrit à la première personne raconte l’histoire d’une étudiante qui devient tueuse à gages après la mort de sa meilleure amie.
Ne vous inquiétez pas, elle demeure une bonne personne : elle ne tue que les responsables de crimes sexuels qui ont échappé à la justice. Mais Marilyn est-elle réellement si douée pour camoufler la vérité ? Un bon choix pour le mois de juillet également.
Avril : Une revue culturelle : Lettres québécoises, dossier sur Jean-Paul Daoust
Je connais peu ce grand poète. Le dossier qui lui était réservé était diversifié et informatif. Par contre, le ton des sections de créations et de critiques m’a paru un peu trop académique. La composition visuelle ainsi que les photos pleine page m’ont semblé bien réussies.
Mai : Un livre dont le titre commence par M : Mise en forme de Mikella Nicol
Après une rupture amoureuse, la narratrice développe une obsession pour le fitness. De mémoire, l’histoire est racontée en fragment et inclut des éléments informatifs et une réflexion sur le corps et la place réservée aux femmes dans l’espace public. J’en garde un souvenir flou.
Juin : Un livre traduit en français : Jones de Neil Smith
Un frère et une sœur tentent d’échapper à leur famille dysfonctionnelle, mais les secrets menacent toujours de ressortir. Ils se promènent entre le Québec francophone de leur mère et plusieurs lieux aux États-Unis.
J’ai bien aimé d’autres romans de cet auteur, mais celui-ci est un peu trop déprimant. Je m’attendais aussi à ce que les pouvoirs magiques évoqués au début occupent davantage d’espace (pas clairs s’ils sont même réels dans l’histoire).
Juillet : Un premier roman : Ce que je sais de toi d’Éric Chacour
On suit toute la vie d’un médecin égyptien. Dans les années 80, il reprend le cabinet de son père et entretient une idylle homosexuelle avant de fuir au Québec. Il ne revient à son pays d’origine que pour les funérailles de sa mère.
Premier roman habilement écrit au « tu ». L’un des grands succès de l’année 2023 et c’est mérité.
Août : Un livre audio québécois : Captives-Crimes réels et disparitions mystérieuses au Québec par Annie Laurin et Michèle Ouellette
Le livre rassemble quelques-uns des « true crime » québécois qu’elles n’ont pas couverts dans le balado. Il s’agit de résumé de cas, pas d’enquête d’amateur. Le ton est très respectueux des victimes et familles.
L’une couvre des enquêtes et procès, l’autre des cas de disparitions non résolues. Il est intéressant de revenir sur des cas locaux connus comme sur des histoires qui sont passées sous le radar. Même en format audio, je préfère tout de même le balado. Un bon complément malgré tout.
Septembre : Un livre recommandé sur quialu.ca : Hanter Villeray de Gabrielle Caron
Un autre gros coup de cœur. J’ai adoré l’humour, les personnages et leurs relations, l’écriture et la représentation des problèmes de santé mentale. La manière dont fonctionne l’après-vie est aussi intéressante.
Maude reste dans son appartement de Villeray après sa mort. Elle apprivoise tranquillement son nouvel état mieux qu’elle n’a pu le faire de sa vie.
Octobre : Un livre adapté à l’écran : Gaz Bar Blues de Louis Bélanger et David Laurin
Texte de la pièce de théâtre basée sur le film.
C’est une bonne œuvre pour s’initier à la lecture de ce genre. Il est facilement de suivre l’action et d’identifier les personnages. Il y a également des photos de la production.
Je n’ai pas vu le film, mais j’ai l’impression que c’est plutôt fidèle. L’histoire qui m’avait semblé banale au départ est finalement touchante.
Novembre : Un essai sur un sujet ou cause qui vous tient à cœur : Les filles en série de Martine Delvaux
Une belle trouvaille dans une boîte à livre. Je n’avais pas lu ce livre de cette autrice.
L’autrice explore les différentes figures de « filles en série ». Elle défend une thèse selon laquelle on enferme les femmes dans des images dans lesquelles elles doivent se mouvoir en synchronicité avec les autres pour avoir droit de passage dans l’espace public. Que les femmes doivent être ce qu’on attend d’elles et qu’on leur prête une fonction bien avant une individualité. Elle termine sur une note plus positive en parlant de sororité et de lutte féministe.
Les chapitres sont courts et il y a beaucoup de photos. Toutefois, le texte par fragments et les très nombreuses références (on ne sort pas l’universitaire de l’essayiste !) peuvent compliquer la lecture. Pas le plus accessible de ses essais.
Décembre : Livre écrit par auteur/autrice qui porte votre prénom : Même pas morte de Geneviève Rioux
Pour le prochain mois, j’ai sélectionné une nouveauté de cette semaine : un roman qui porte sur les dédales judiciaires et la reconstruction d’une femme après une tentative de viol et de meurtre.
Autres suggestions :
ABC du rivage de Rhéa Dufresne et Louise Mézel
Un joli abécédaire aux effluves fluviaux qui présente des animaux, plantes et objets du fleuve St-Laurent à travers un court texte et des dessins de style naïf.
Le stress au travail vs le stress du travail de Sonia Lupien
Un excellent essai de vulgarisation scientifique sur (surprise !) le stress au travail. La chercheuse présente diverses façons d’adapter nos lieux et manières de travailler au fonctionnement de notre cerveau pour maximiser notre efficacité et limiter la fatigue.
La série Anna Caritas par Patrick Isabelle
La série est maintenant complète. Chaque roman suit le parcours de William à l’étrange collège de Saint-Hector. Chaque roman représente un style connu dans le domaine de l’horreur, mais adapté pour les adolescents (pas les enfants, cela dit).
Chaque tome a sa propre histoire et fournit quelques indices supplémentaires sur la grande histoire de la série. Un bon choix pour les fans du genre ou les ados pas trop peureux.
Rue Duplessis de Jean-Philippe Pleau
Essai autobiographique sur les transferts de classe sociale par le philosophe et animateur de radio. Il y illustre parfaitement les déchirements survenus grâce à l’amélioration des conditions de vie au Québec (surtout l’accès à l’éducation) à travers son propre vécu. Si vous avez une chance de le voir en conférence, c’est une rencontre très touchante.
Avide de Myriam Vincent
Il faut toujours avoir un prochain livre qui attend impatiemment sur notre PIL (pile à livre). Après Furie, c’est le mien. Cette fois, nous aurons droite à une chasse au trésor organisée par une riche collectionneuse d’art dans un parc national.
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