L'odeur du sang...
Pierre Lachaîne
L’odeur du sang…
Ouin, pour un billet de fin d’année, voilà une pente plutôt brusque! L’odeur du sang, ça vous propulse en zone potentiellement macabre. Mon propos se voulait récapitulatif, anecdotique, voire énumératif, d’une suite événementielle de ce qui nous a fait vibrer ou pas durant cette dernière année. Évidemment, la démission de la ministre des Finances a été l’élément déclencheur. Alors, le pouls de l’univers médiatique de la semaine dernière fut, dirons-nous, furieusement saccadé. Je vous cite en exemple des extraits, en vrac, d’expressions utilisées par différents chroniqueurs dans les médias écrits. Vous serez à même de le constater, ce n’est pas de tout repos. De prime abord, entamons l’exercice en mentionnant les propos d’une première chroniqueuse, soit la comparaison du geste posé par Mme Freeland à un furieux coup à la carotide pour signifier l’ampleur dudit geste sur la stabilité politique du Premier Ministre (PM). Un autre chroniqueur a comparé le remaniement ministériel à la dernière valse sur le Titanic. Il est généralement reconnu de bon ton d’en mettre un peu plus que le client en demande en matière de couverture politique. Malgré les sondages défavorables et la zizanie dans le caucus de Justin Trudeau que l’on pourrait presque qualifier d’une rébellion organisée contre son leadership, le PM semble refuser d’envisager quelques formes de sortie côté jardin que ce soient. On lui suggère, à peine à mots couverts, d’aller prendre une marche dans la neige pour annoncer sa démission par la suite comme le fit son père le 29 février 1984. Avouons que le passage de Justin Trudeau en politique canadienne fut mouvementé pour toutes sortes de raisons. Le moins que l’on puisse en dire : il n’est pas fade. On le dépeint souvent comme un personnage hautain qui manque un tantinet d’humilité. On lui reproche également de maintenir ses ministres sur des sièges éjectables et d’avoir la main sur le bouton d’activation un brin sensible. Sans doute oublions-nous le paradigme dans lequel nous nous retrouverons. Le parlementarisme britannique demeure un passage très étroit pour les esprits libres. Dans ce monde, un ministre il n’y en a qu’un seul et c’est le premier. Je ne vais pas vous faire de prédiction pour la suite des choses. D’abord, parce que ce n’est pas mon propos et, ensuite, parce que je n’en ai surtout pas envie.
Plus près de nous, l’année s’achève avec l’essoufflement de la CAQ. Alors qu’il était chef du deuxième groupe d’opposition, François Legault reprochait au gouvernement Couillard d’être un gouvernement de docteurs déconnecté de la réalité économique du Québec. En cette fin 2024, voici un gouvernement de comptables qui, bien plus près de cette réalité économique, nous a construit un déficit record. D’ailleurs, en matière de records, nous sommes bien servis et nous sommes même en mesure de parler de jamais vu. Une demande accrue dans les centres de dépannage alimentaire, la situation de l’itinérance explose à la grandeur du Québec, les cours de francisation en débâcle malgré le succès au chapitre du nombre de participants, la gestion de l’environnement ressemble à une peau de chagrin et ça s’accumule et j’en passe et des meilleurs.
Une année qui s’achève? Rien n’est moins sûre. Les fantômes accumulés dans les garde-robes risquent de revenir nous hanter pour longtemps. Le remède miracle n’existe pas, du moins pas encore. Peu importe l’horizon vers lequel nous dirigeons notre regard, nous n’y voyons que du brouillard et il est dense. Je n’ose pas nous souhaiter un coup de nordet pour y voir plus clair de peur de ce que nous pourrions y retrouver.
Bonne fin d’année quand même!
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