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Bye bye le terminal pétrolier

durée 2 avril 2015 | 11h09
François Drouin
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
François Drouin

TransCanada renonce à construire un terminal pétrolier à Cacouna. C’était le secret le moins bien gardé du Québec. Pour une deuxième fois, la pétrolière albertaine est débarquée à Cacouna avec ses gros sabots pour finalement repartir la queue entre les jambes, laissant derrière elle, une fois encore, une population divisée.

Un beau saccage. Un fiasco aussi. Ce port de mer cacounois semble incapable de prendre son envol, de s’émanciper, de se développer. Moins de 30 navires y ont accosté en 2014. La faute aux bélugas? Je ne crois pas, non.

©François Drouin, infodimanche.com

En entrevue à Bonjour Grand-Portage avec Daniel St-Pierre, la mairesse de Cacouna Ghislaine Daris s’est montrée amère et a défendu le projet de terminal. Dans sa rhétorique, deux arguments ont attiré mon attention : la population de bélugas est en constante diminution depuis 10 ans et les Cacounois sont fiers de leur port de mer. Un peu léger vous ne trouvez pas?

Cachez ce jupon aux couleurs de TransCanada que je ne saurais voir, Madame la mairesse. Votre demande à l'Albertaine de financer un projet de recherche est de la poudre aux yeux, de la poudre de perlimpinpin qu’on lance à la populace. Une population qui s’est trouvée divisée et coincée entre deux joueurs, environnementalistes et les pro-développement, dont la plupart sont venus d'ailleurs.

Qu'en est-il du trop peu d’emplois permanents créés dans votre beau village? Les risques évidents de pollution, de contamination, la destruction de votre propre environnement? Si je comprends votre logique, les bélugas sont condamnés, alors voilà une bonne raison d’enfoncer l’accélérateur?

Les bélugas sont là, incontournables. Leur présence doit être au cœur de vos préoccupations, non de vos reproches. Vous n'avez pas le choix, que ça vous plaise ou non. Le port de mer peut-il se développer avec la présence d’une espèce en péril? Si la réponse est oui, voilà une ligne directrice inhérente à tout futur projet.

D'ici là, pourquoi ne pas exploiter cette ressource unique, ces bélugas, plutôt que les voir comme un empêcheur de tourner en rond? Mettez-les de l’avant! Exploitez leur présence comme Percé le fait avec les Fous de Bassan!

Les jobs? Ne voir que les emplois liés à la construction du terminal revient à se soucier de la propreté de son pare-brise alors qu’on fonce droit sur un poids lourd.

Il est temps que l'on se positionne sur l'avenir de ce port, sur sa viabilité, sur son avenir. Mettre en place une table ronde, où les acteurs socio-économiques pourront se prononcer en tenant compte des facteurs incontournables comme la présence d'une pouponnière de bélugas. Une table ronde ouverte et non en autarcie où seulement quelques amis  et partenaires viendront se réconforter entre eux. Une table où les idées vont se bousculer, s'affronter, mais avec un but commun : se développer sans se détruire. Il y a trop de talent, trop de gens compétents dans la région pour ne pas y arriver. Mais la solution du vase clos vient de NOUS péter à la gueule pour une deuxième fois en moins de 10 ans.

***

De leur côté, beaucoup d’environnementalistes poursuivront le combat, mais ailleurs. Cacouna est sauvée, mais c'était un combat qui allait bien au-delà de Cacouna. Les bélugas n’étaient qu’un prétexte, la bataille se nomme « pétrole ». Rencontrés du haut de la montagne à Cacouna, les jumelles sur le nez, pointées vers la barge de Groupe Océan, on me l’avouait candidement : « Merci les bélugas, mais c’est contre le pétrole qu’on se bat. »

Vous me trouverez naïf, mais celle-là, j’avais eu du mal à l’encaisser. Que l’on débatte sur les énergies alternatives, soit, mais qu’on me dise un peu se « foutre » de notre baleine blanche, ça ne passe pas. Les environnementalistes ont été efficaces car l’autre partie a manqué le bateau. TransCanada a complètement raté son plan de communication. Encore.

***

Quelqu’un a le numéro de téléphone d’Angelo Marcotte? La cale sèche, ça ne vous dirait pas? Parait même que  les bélugas sont pour! À Cacouna, on a laissé cette fiancée sur l’accotement pour la belle princesse pétrolière. Une princesse qui, comme me l’avait illustré un courtier immobilier au sujet d’une maison qu’il me déconseillait d’acheter, s’est avérée être « une putain bien maquillée ». On pourrait peut-être pu se piler sur l’orgueil et rappeler la fiancée, non? Un projet avec des emplois permanents, avec un impact environnemental réduit, ça existait avant le terminal pétrolier.

***

J’aime bien que l’on se questionne sur les énergies alternatives, individuellement et collectivement. Mais avec le bas prix du brut et les sanctions à l’endroit de l’Iran qui pourraient être levées faisant sans doute chuter le prix encore un peu plus de cet or noir, la demande n’est pas près de cesser. Il faut être lucide.

Tiens, à Montréal, on veut bannir dès l’an prochain les vieux foyers et poêles de chauffage au bois. Selon Environnement Canada, ils représentent 39 % des particules fines dans l’île contre 45 % pour le transport et 13 % pour l’industrie. À quand une manif « anti vieux poêle » ?

commentairesCommentaires

5

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  • JHH
    Jean Hector Hénault
    temps Il y a 9 ans
    MagistralMMagistralMagistral,,vos écrits valent x photos!LOL
    Issu du temps de la ligue du vieux poèle,ce sujet n'allume.41ans de chauffage au bois:dilemme.
    Je plante,je reboise,je chauffe,je brûle.STOP ou...ENCORE? Topo brûlant...Encore une fois,bravo pour cet engagement mesuré,qui fait la part des choses.Le pouvoir au peuple?Au peuplier?Au peuple lié?Plié?Qui sont nos piliers? Ceux qui vont piller?Des patates pilées? Pitié pour nous,piteux pitous!!!
  • B
    Busque
    temps Il y a 9 ans
    Juste pour éclaircir un truc François. Les environnementalistes ne bloquent pas le pétrole, parce que le pétrole pu ou bien qu'il est sale.

    Non plus parce que sa rend les poissons difforment en Alberta dans les rivières proche de l'extraction.

    Non plus parce que ça va passer sur des terres agricoles du Québec et un risque d'accident pourrait contaminer les terrains.

    Non plus parce que le port va nuire aux bélugas.

    Les citoyens ne bloquent pas expansion du pétrole pour une raison mais bien pour toute ces raisons et bien plus.

    Le choix de continuer ainsi ( + d'extraction de pétrole non conventionnel) est simplement le chemin qui non seulement fait mal au béluga, mais toute la biodiversité sur terre.

    Notre jupon dépasse? C'est 50 % des espèces animales sauvages qui ont disparus en 40 ans.

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/09/30/la-terre-a-perdu-la-moitie-de-ses-populations-d-especes-sauvages-en-quarante-ans_4496200_3244.html

    La biodiversité et notre façon d'interagir avec l'économie ( donc le besoin maladif d'extraire les ressources naturelles) sont liés.

    Non on veut pas juste ''sauver'' les bélugas dans le fleuve, mais bien sauvés, ou du moins aider l'équilibre vers un respect de la biodiversité sur cette planète que nous sommes en train de saccager au nom de la croissance économique.

    Il serait temps qu'on se réveil.

    - 50 % de la population mondial vie avec moins de 2 $ par jour.
    - 1 % controle 50 % des richesses de la terre.
    - Il n'y a pas assez d'argent sur terre, pour payer la dette mondiale (la sommes de toutes les dettes).

    Faque quand tu rencontres 2 personnes au top d'une montagne, qui mettent de leur temps bénévolement, pour empêcher la création d'un pipeline, il n'y a pas de jupons qui dépassent, sauf celui de vouloir protéger le bien commun (dont les bélugas font partis).
  • FD
    François Drouin
    temps Il y a 9 ans
    Le projet de TransCanada devait être rejeté parce qu’il n’y a aucune retombée économique valable pour la communauté, parce qu’il constituait une menace directe à la survie des bélugas, une espèce en péril. Une richesse aussi. Le peu d’emplois créés ne pouvait compenser l’empreinte et le risque sur l’environnement. Nul besoin de brandir un baril de pétrole sale pour faire peur.

    Busque, je ne suis pas utopiste, et j’essaie d’être pragmatique.

    Mais que veux-tu, ça m’a frappé; j’ai rencontré autant de faux-culs chez les pros que chez les contres. Je doit-être naïf.

    Est-ce tous les opposants qui s’opposaient au pétrole ? Non. Plusieurs s’opposaient au saccage d’un site extraordinaire dans le cadre d’un mauvais projet, mais eux, ils n’avaient pas de porte-voix. L’opposant « moyen » de Cacouna a été oublié, enterré par le « Non au pétrole », dommage. Il avait sans doute quelque chose à dire, mais j’imagine que crier n’est pas son fort.

    Le débat est nécessaire et oui, on doit impérativement trouver des formes d’énergies alternatives et minimalement exploiter celles déjà existantes et moins polluantes. Oui, la pollution et le partage des richesses sont plus que préoccupants. Mais tes arguments me font penser aux carrés rouges, ça tire partout, dans toutes les directions.

    « Non on veut pas juste ''sauver'' les bélugas dans le fleuve, mais bien sauvés, ou du moins aider l'équilibre vers un respect de la biodiversité sur cette planète que nous sommes en train de saccager au nom de la croissance économique. »

    Avant de rêver à t’acheter un château, commence par travailler. Avant de revoir le partage des richesses de la planète, on peut-y s’attaquer à nous autres, influencer nos propres décideurs, à soigner notre propre jardin ?

    Ce discours des environnementalistes, non seulement il galvanise les opposants convaincus, mais pire, il repousse le citoyen moyen qui ne s’y reconnait pas. Un discours qu’il perçoit comme extrême. La façon de faire de bien de verts dans le dossier de Cacouna n'a pas aidé à véhiculer le message des verts, au contraire. Dommage.
  • B
    Busque
    temps Il y a 9 ans
    Tu dis 2 choses.

    Si on tire sur plusieurs choses, et qu'on veut du changement, on est des rêveurs utopiques.

    Si on parle de point local comme les bélugas, notre jupons dépasse.

    Faudrait savoir.

    Aussi ton discours pragmatique, c'est presque le statu-quo. Pas de réel changement.

    Il y a 10 ans, le 1 % avait 40 % de la richesse. Aujourd'hui, c'est 51 %.

    C'est facile pour nous de prendre la position modéré, on fait parti des privilèges de cette mondialisation.

    Mais tu as peut-être pas tord, on ne sait pas toujours comment nous y prendre. On n'a pas de formation en communication, on n'est pas payer pour faire nos actions, et tous ça.

    Mais j'aime ton texte tout de même. Salut.
  • FD
    François Drouin
    temps Il y a 9 ans
    Te souviens-tu d’une discussion sur les enfants du Myanmar ? C’est seulement qu’avant de les sauver eux, je vais sauver les nôtres.

    Mais là n’est pas le noeud du débat.

    Le terminal pétrolier était une mauvaise idée, que l’on soit pour ou contre le pétrole. En vous opposant principalement contre le pétrole, vous vous êtes aliéné une partie de la population pourtant pas très chaude à l’idée de voir TransCanada implanter son terminal ici. C’est là où le jupon a fait mal. Des gens qui auraient pu se joindre à la cause sont restés chez eux, un brin dépassé par un discours qu’ils ont jugé extrême. Ils ne voulaient parler d’ici, de leur coin de pays, de respect.

    C’est eux les oubliés.

    Les carrés rouges 2015 procèdent de la même façon. Ils s’aliènent aussi des partisans « naturels ».

    Je crois que mener ces petites batailles sans les mondialiser, en se recentrant sur les besoins et les craintes des populations procurera au final plus de victoires et plus d’impacts à l’échelle mondiale qu’en débarquant en criant « So-so-so… ».

    Mais ce n’est que mon avis.

    Quant aux communications, suffit de regarder l'ensemble de l'oeuvre de TransCanada pour comprendre que les « pros » peuvent royalement se planter.

    Et t’inquiète, j’aime aussi ton intervention.
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