Les sept priorités de Bernard Drainville
François Drouin
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, annonce sept priorités dans le but d'améliorer la réussite éducative. À l'heure où les problèmes de littératie sont criants, où les ressources sont manquantes, le ministre a un plan.
Hourra !
Va-t-on enfin déconstruire ce système en faillite de réussites, en manque de ressources et de classes adaptées ?
Jugez par vous-même.
Des mots. Que des mots. Paroles et paroles et paroles... chantait Dalida (je suis vieux à ce point)
Je cite l'article d'Hugo Pilon-Larose de La Presse :
En matière d’enseignement du français – une priorité qui était déjà inscrite dans la plateforme électorale de la CAQ –, Bernard Drainville ne détaille pas comment il entend s’attaquer à cet enjeu. Dans un premier temps, le ministre déclare que « le statuquo pour l’enseignement de cette matière est inacceptable ». Il ajoute ensuite que « le français est une priorité gouvernementale » et que « le ministère [de l’Éducation] travaillera à trouver des pistes de solutions pour freiner le déclin du français écrit ».
Comme souvent avec Bernard Drainville, c'est bruyant, mais ça sonne creux. Comme un tambour. Tararaboum... et puis rien. Le vide sidéral. Que des mots.
Le système d'éducation est en crise depuis des décennies, coucou la réforme de l'éducation de Jean Charest. Non seulement il coute cher, mais on l'a vu, une majorité (!) en sort sans maitriser un niveau 3 de littératie, c'est-à-dire qu'une majorité de Québécois ne maitrise pas le seuil pour comprendre des textes plus longs et plus complexes comme un article de journal détaillé. Ce taux atteint plus de 60 % au Témiscouata et Rivière-du-Loup se trouve à peine sous la barre des 55 %. Perdure un système où c'est le nivèlement par le bas qui est priorisé. N'allez pas croire que les enseignantes et enseignants en sont fiers, bien au contraire, mais le système ne leur donne pas les outils nécessaires pour renverser cette tendance. Au contraire, à mon sens, il l'impose.
Tu as des difficultés à l'école primaire, pas de problème, on t'évite la 6e année et tu t'en vas au secondaire dans une classe d'adaptation. On pellette le problème en avant.
Le ministre affirme que «le français est une priorité gouvernementale» et qu'il faudra «trouver des pistes de solutions pour freiner le déclin du français écrit». Comme dirait le proverbial Francis Dubé, ex-entraineur des 3L, «un m'ment donné, faut que les bottines suivent les babines».
L'accès au Cégep sera amélioré ? Comment ? En augmentant encore un taux de diplomation chez des élèves qui n'ont pourtant pas les acquis nécessaires ? Ce n'est pas le français qui est enseigné au cégep, mais la littérature. L'accord avec le complément d'objet circonstanciel, c'est à l'école primaire et au début du secondaire qu'il doit être assimilé. Du moins, pas entre un cours de philo alors que le jeune n'atteint pas un niveau de littératie suffisant pour lire l'Allégorie de la caverne de Platon et un cours de français où on doit lire «États d’âme, états de langue. Essai sur le français parlé au Québec».
Comme je le disais hier à une enseignante de français du collégial, corriger un jeune arbre pour qu'il pousse droit est plus facile qu'avec un arbre mature.
Mais ça prend un plan. Des gestes concrets.
Parce que vous savez quoi ? Un prof de maths au collégial vous dira qu'il vit sensiblement la même chose. C'est à dire qu'il devra composer avec une classe où les élèves qui arrivent du secondaire ont des niveaux TRÈS différents. Un écart «énorme».
>> https://www.journaldequebec.com/2023/01/26/des-eleves-ont-reussi-lexamen-de-math-avec-55
Si je peux me permettre une recommandation au ministre, c'est sans aucun doute de revoir le système de fond en comble. Ensuite, les beaux discours.
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