Le show médiatique

Dans l'édition du 17 janvier d'Info Dimanche, j'ai posé deux questions. Comment aborder le dixième anniversaire de la tragédie de L'Isle-Verte qui a emporté la vie de 32 personnes et en a marqué au fer rouge des centaines d’autres et comment rappeler l’horreur sans blesser de nouveau ceux qui l’ont vécue ?

L'idée, ici, est d'être un média responsable, sensible et surtout conscient que le traitement médiatique des faits divers a des impacts importants sur les personnes qui en sont victimes. Ma prémisse de départ est donc de souligner le terrible incendie de la résidence du Havre, mais en tenant compte que le brasier qui a fait 32 morts a aussi fait des centaines d'autres victimes.

Je suis conscient qu'en remettant à l'avant-scène des photos et vidéos du brasier, je provoque chez certains intervenants, des héros, un épisode de reviviscence. C'est-à-dire que ces images chocs peuvent faire revivre le traumatisme à ceux qui l'ont vécu il y a dix ans.

En étant conscient, je m'en abstiens. Info Dimanche est un média responsable. Nous ne remettrons pas à l'avant-scène de vieilles entrevues avec des gens qui ont pu être traumatisés. Nous republierons qu'une seule photo de l'incendie, toujours la même, connue et pour laquelle, je le présume, la population est désensibilisée. Est-ce que les Isle-Vertois ont besoin de revivre la nuit du 23 janvier 2014 ? Sérieusement ? Non.

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec a offert en novembre dernier une formation sur le traitement médiatique et leurs impacts sur les victimes d'actes criminels ou de drames. Cette formation devrait être obligatoire. Trop de journalistes, trop de médias n'en ont que pour l'information spectacle et font fi de la réalité des victimes au nom du sacrosaint droit à l'information. Mais dans le cas présent, c'est du réchauffé (sans mauvais jeu de mots) d'un terrible incendie, d'un drame humain terrible.

Après on se demande pourquoi la population éprouve une solide dose de cynisme à l’endroit des médias et de leurs artisans.

Nous sommes un média proche de ses lecteurs. La réflexion était facile : en toute conscience, après dix ans, est-ce qu'un citoyen de L'Isle-Verte, un témoin, un survivant, un premier répondant lors de cette nuit-là, souhaite réellement replonger dans ce drame sans nom? Est-ce qu'un Isle-Vertois souhaite rouvrir ce livre où tout a été dit, écrit, et montré ?

  >> Aussi à lire : La cavalerie débarque https://www.infodimanche.com/blogues/fdrouin/21080/la-cavalerie-debarque

À tous ceux qui éprouveront des angoisses, de la reviviscence, n'hésitez pas à demander de l'aide.

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