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Une fleur et le pot

durée 19 novembre 2024 | 14h56
François Drouin
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
François Drouin

Un blogue en deux temps, le premier porte sur ma collègue Andréanne Lebel, le second revient sur la «saga» Marto Napoli.

***

Lettre à une collègue

Andréanne, je t’ai vue pour la première fois, tu étais encore sur les bancs d’école, plus précisément dans la salle de classe de l’enseignant Benoit Dumais au Cégep de Rivière-du-Loup où j'étais invité. C’était au printemps 2012. Ton œil vif, ton esprit aiguisé, ton désir d’être une «vraie» journaliste étaient visibles comme le nez au milieu du visage de Cyrano de Bergerac. Tu irradiais dans cette classe.

Je t’ai invitée à venir nous voir à la rédaction et j’ai convaincu notre éditeur, Hugo Levasseur, de t’embaucher à temps partiel pour l’été. Tu n’es jamais vraiment partie. Quand notre collègue Hugues Albert a quitté pour la retraite, j’ai proposé à notre direction de t’attendre quelques mois, que tu termines tes études en journalisme à l’UQAM.

— Allô Andréanne, c’est François. Qu’est-ce que t’attends pour nous envoyer ton CV !?

Jeune passionnée, tu as fait des pas de géant pour devenir la journaliste que tu souhaitais être. Je ne t’ai jamais vue te reposer sur tes lauriers. Tu as travaillé, bûché et… réussi. Et quelle réussite!

J’ai vu ton écriture s’émanciper, gagner en confiance, s’enrichir. Je t’ai vue réfléchir à ton métier, à ce journalisme que tu admires, à la façon dont tu souhaites le pratiquer. Je t’ai aussi vue devenir une véritable photographe. Une photographe primée. Je t’ai vue devenir photojournaliste, un titre auquel tu tiens tellement.

Et samedi, c’est toute la communauté journalistique qui l’a vu, qui l’a reconnu. Ce prix Antoine-Desilets t’appartient à toi seule. Il est le fruit de ton travail, de ta créativité, de ton talent. Il célèbre ces heures que tu as passées à explorer les différents réglages, à expérimenter le triangle d’exposition, les diagonales, les cadrages… et les réflexions.

Tu as remporté le prix Antoine-Desilets, le plus prestigieux prix photographique du Québec. Ta photo incarne l'essence même de ce qui a fait d’Antoine Desilets le plus grand de nos photographes. Et puis, ce samedi, tu as pris un peu de ton temps sur la tribune pour me présenter comme ton mentor. Je ne m’y attendais pas. Tu m’as touché droit au cœur, et j’en suis encore rouge de fierté.

Quand je repense à cette journée de 2012, je me sens comme ce recruteur des Bruins de Boston, celui qui a déniché Patrice Bergeron au 45e rang. Je te laisse, je vais aller me prendre un 6/49.

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Marto Napoli et ses ti-pauvres

Je vous en ai glissé un mot vendredi -> https://www.infodimanche.com/blogues/fdrouin/21851/marto-et-ses-ti-pauvres.

Si je saluais l'implication de Martin Castonguay, je m'inquiétais aussi de la récupération de l'histoire pour alimenter un narratif. En faire de la petite politique. Mousser ses p'tites affaires.

La suite, malheureusement, me donne raison.

Cinquante minutes après la publication de mon billet, le principal intéressé y allait de cette publication :

«Depuis hier, le vent a tourné, je crois qu'on a créé un nouveau mouvement, le mouvement: "C'EST ASSEZ!!!".
C'EST ASSEZ, le niaisage.
C'EST ASSEZ, les changements de nom pour faire plaisir à 2 personnes.
C'EST ASSEZ, les exagérations!
Je suis fier de nous, je suis fier de "Marto et ses ti-Pauvres!".🤩
Merci à tous mes soldats, merci à nos centaines d'organismes qui m'appuient dont la Société St-Vincent de Paul et merci à tous les médias pour les dizaines d'entrevues. »

Le mouvement «C'est assez». Rien que ça. Les licornes, les wokes, alouette, taisez-vous! Merci à tous ses soldats de quoi au juste? D'avoir agi, pour certains, en intimidateurs, en bullies? Merci, surtout, d'avoir dévié le sujet.

Si le personnage de Marto peu déplaire, ne doutez jamais de l'intelligence et du flair de Martin Castonguay. Quel coup de pub extraordinaire pour la collecte, une campagne historique, amenez-en des bûches.

M'enfin, comme l'a dit je ne sais plus qui, vaut-il mieux un chef-d’œuvre d’un profane qu’un torchon d’un croyant? La campagne aide, et c'est le principal. Mais elle aurait très bien pu le faire sans «ses ti-pauvres».

Dommage que pour y arriver cette année, il aura fallu s'essuyer les pieds sur dix personnes qui, maladroitement peut-être, croyaient bien faire.

Comme je l'écrivais vendredi, on a préféré nourrir son foutu narratif avant ceux qui ont le ventre creux.

Je clos ce billet avec une déception certaine, cette maudite impression que cette belle démonstration d'entraide est teintée par une dynamique qui, de mon point de vue, réduit les besoins des familles en situation de précarité alimentaire à un simple outil de mise en scène.

Vous aurez compris qui est la fleur, et à qui va le pot.

 

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