Mère indigne!
4 juillet 2008 |
00h12
Temps de lecture 3 minutes
Par
François Drouin
Malaise. Ce soir au Centre commercial de Rimouski, j’ai été témoin d’une scène qui m’a scandalisé. J’ai vu une maman gifler en plein visage et à grands coups de taloches sa petite fille, qui selon moi, doit avoir 4 ou 5 ans. « Vas-tu arrêter de pleurer là Calice… PAF! ». Et de une, et de deux, et la voilà qui la brasse comme on brasse un cocktail. « As-tu compris maudite niaiseuse, arrête de brailler, tu déranges tout le monde ». C’est à ce moment-là que je suis intervenu. Façon de parler.
Pour être franc, je voulais lui mettre mon pied au derrière (vous notez la tentative ardue de rester pondéré?). Une furieuse envie de lui démontrer par l’exemple comment il est difficile de cesser de pleurer quand on reçoit une pluie de claque en pleine gueule, et en public de surcroît.
Bien qu’étant de nature assez réservée, je n’ai pas pu la laisser faire. Je lui ai dit, le ton assez grave et la voix forte : « Ça va faire là! C’est vous qui dérangez tout le monde! ». Bon, je n’ai pas pu terminer ma phrase, car elle a cru bon m’envoyer promener dans une suite impressionnante de sacre et de grossièreté, y allant même de quelques combinaisons qui m’étaient jusqu’alors totalement inconnues. Ses yeux étaient noirs de haine. Je sais maintenant ce que c’est que la furie. La fillette aussi doit le savoir.
Elle a empoigné sa petite fille et a rapidement quitté les lieux. Autour de moi, les gens ont recommencé à marcher et à magasiner. Moi non. Je me sens coupable. Je m’en veux de ne pas m’être opposé entre la petite et la folle enragée, tant pis si c’est sa maman. La violence aux enfants, ça me pue trop au nez… Je voulais lui dire qu’elle était une mère indigne dotée d’une stupidité à la mesure de son gros derrière, mais non. J’aurais aimé que la DPJ arrive comme par magie et sauve cette fillette, mais non… Je n’ai rien fait. Je ne l’ai fait que déguerpir. Et sans doute que chez elle, elle remettra ça de plus belle sur sa fille.
Je suis revenu à Rivière-du-Loup sans musique dans l’auto, c’est rare. Le silence portait l’écho des sanglots d’une petite fille anonyme de Rimouski. Arrivé à la maison, je me suis rendu dans la chambre de ma fille, une merveille âgée de deux ans et neuf mois. J’ai replacé ses draps, j’ai déposé un baisé sur son front et je suis sorti sur la pointe des pieds. J’avais le motton comme on dit.
Je me suis assis à mon bureau, j’ai ouvert mon MacBook, j’ai réussi à desserrer mes deux index de mes poings et j’ai rapidement tapé une succession de mot. Je suis toujours là en ce moment… Figé, l’esprit vide. Je vais tenter d’aller endormir ma culpabilité. Je suis peut-être encore trop émotif pour juger si je devrais poster maintenant. Qui sait, peut-être qu’un papa ou qu’une maman lira ce texte et prendra la décision de ne plus jamais battre son enfant. Il y a des limites à la lâcheté.
Bonne nuit à vous.
PS : Les dialogues sont tels que je me les rappelle, sans censure ni modification.
François Drouin
Pour être franc, je voulais lui mettre mon pied au derrière (vous notez la tentative ardue de rester pondéré?). Une furieuse envie de lui démontrer par l’exemple comment il est difficile de cesser de pleurer quand on reçoit une pluie de claque en pleine gueule, et en public de surcroît.
Bien qu’étant de nature assez réservée, je n’ai pas pu la laisser faire. Je lui ai dit, le ton assez grave et la voix forte : « Ça va faire là! C’est vous qui dérangez tout le monde! ». Bon, je n’ai pas pu terminer ma phrase, car elle a cru bon m’envoyer promener dans une suite impressionnante de sacre et de grossièreté, y allant même de quelques combinaisons qui m’étaient jusqu’alors totalement inconnues. Ses yeux étaient noirs de haine. Je sais maintenant ce que c’est que la furie. La fillette aussi doit le savoir.
Elle a empoigné sa petite fille et a rapidement quitté les lieux. Autour de moi, les gens ont recommencé à marcher et à magasiner. Moi non. Je me sens coupable. Je m’en veux de ne pas m’être opposé entre la petite et la folle enragée, tant pis si c’est sa maman. La violence aux enfants, ça me pue trop au nez… Je voulais lui dire qu’elle était une mère indigne dotée d’une stupidité à la mesure de son gros derrière, mais non. J’aurais aimé que la DPJ arrive comme par magie et sauve cette fillette, mais non… Je n’ai rien fait. Je ne l’ai fait que déguerpir. Et sans doute que chez elle, elle remettra ça de plus belle sur sa fille.
Je suis revenu à Rivière-du-Loup sans musique dans l’auto, c’est rare. Le silence portait l’écho des sanglots d’une petite fille anonyme de Rimouski. Arrivé à la maison, je me suis rendu dans la chambre de ma fille, une merveille âgée de deux ans et neuf mois. J’ai replacé ses draps, j’ai déposé un baisé sur son front et je suis sorti sur la pointe des pieds. J’avais le motton comme on dit.
Je me suis assis à mon bureau, j’ai ouvert mon MacBook, j’ai réussi à desserrer mes deux index de mes poings et j’ai rapidement tapé une succession de mot. Je suis toujours là en ce moment… Figé, l’esprit vide. Je vais tenter d’aller endormir ma culpabilité. Je suis peut-être encore trop émotif pour juger si je devrais poster maintenant. Qui sait, peut-être qu’un papa ou qu’une maman lira ce texte et prendra la décision de ne plus jamais battre son enfant. Il y a des limites à la lâcheté.
Bonne nuit à vous.
PS : Les dialogues sont tels que je me les rappelle, sans censure ni modification.
François Drouin
Commentaires
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17 commentaires
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(bon j'ai menti, je vais en dire un peu plus qu'un ...)
Combien de fois sommes nous confronté à une situation qui heurte, choque, scandalise et pour laquelle on se dépèche de détourner les yeux tellement on est obnibulé par la peur du regard des autres si on intervient ?
François, tu as eu le courage d'agir et ton action , si elle n'a pas eu réellement tout l'effet que tu espérais, a certainement marqué d'une emprunte (qu'elle soit faible ou forte), l'auditoir présent. Peut être que grâce à toi, une personne présente osera s'élever contre une injustice au lieu de baisser les yeux.
Merci François
Pis qu'est-ce t'a d'affaire a magasiner a Rimouski ? On n'a pas assez de magasin a RDL ?
:)
Je dois avouer que ce matin, je me repasse la scène en boucle dans mon esprit. Je ne comprend toujours pas comment on peu "fesser" de la sorte un enfant. J'ai le regard de la petite gravé dans mon esprit.
@Dave, j'étais à Rimouski pour récupérer mon reflex numérique (appareil photo) et en faire nettoyer un autre, j'en ai profité pour aller voir les soldes des boutiques pour enfants. Un chausson avec ça?
Je souhaite de tout coeur que qqn quelque part fera de quoi pour cette petite.
Je ne souhaite jamais tomber sur une situation semblable car je ne garantis pas que je vais répondre de mes actes.
Bonne journée à toi et chers parents, prenez dont une bonne puff d'air quand le presto est sur le bord de sauter plutôt que d'agir de la sorte... et si c'était vous qui "mangeriez une talloche?"
Au nom de cette petite fille, bravo. En vous interposant, vous avez peut-être semé une petite graine. Cette graine fera peut-être en sorte que dans quelques années, cette fillette aura la force de dire à sa folle de mère « ça suffit maman! ». Elle aura vu un étranger la défendre. Ce que vous avez fait, ce n’est pas rien, personne d’autre ne l’a fait.
En écrivant « Le silence portait l’écho des sanglots d’une petite fille anonyme de Rimouski. », vous avez trahi toute votre sensibilité, merci. Ça a bien failli me faire pleurer. Vous êtes quelqu’un de bien et continuez votre excellent travail.
Justine
Pour tes remords, dis toi bien que tout ceux qui ont rien foutu, qui ont fait semblant d’être intéressé a autre chose, ben avant, ils devaient tous se dire que dans pareil situation ils reagiraient. Toi t’es le seul a avoir reagi. Non c’est pas rien. Justine l’a dit, un jour peut-être que grace a ce monsieur qui l’avait défendu, elle tiendra tête à sa mère. Si on peu appeler ca une mère.
J’espere que moi aussi je réagirais… mais je ne le saurai pas avant d’y etre. Bonne fin de semaine et salutation a ta famille.
Une amie à moi se faisait presque battre par son père à l'époque lorsque nous étions toutes petites....et c'est ma mère qui a telephoné la DPJ. Tant pis s'est-elle dit : "J'aime mieux sauver la petite que sauver mon amitié avec cette famille". Voilà que la petite est devenue grande et elle est venue remercier ma mère il n'y a pas si longtemps...
Y avait-il des femmes dans le coin? Je serais curieux de savoir pourquoi elles n'ont pas réagi en premier. L'instinct maternel, vous savez!
En passant!
Depuis le temps que les commerces ferment dans l'arrière pays et que leur secteur commercial dépérît, pourquoi faudrait-il qu'un acheteur potentiel de Rivière du Loup se gêne d'aller magasiner ailleurs?
Se pourrait-il aussi que ce désir de tout posséder de la part de Rivière du Loup soit responsable de ce déclin?
Vous vous rappelez Du Breton? Combien d'emplois perdus au Témiscouata à l'avantage de RDL?
Le maraudage, vous connaissez?
Ça fait que imagine toi si j'aurai été là. Je pense que ça aurait pris l'ambulance pour elle et la police pour moi.
Bye
Cécile
Pauvre petite, comment peut-on reprimender un enfant de la sorte imaginez ce que cet enfant subi à la maison...
Je me souviens d'une phrase qu'un père à dit à sa fille( 7-8 ans) au supermarché et qui m'a choquée: "T'as-tu fini de vêler" d'un ton agressant...mais quand fait cette toute petite ne fesait que parler (contente) à sa maman....et en plus ne dérangeait personne...
Et les DPJ là-dedans y font pas grand chose, y ferme souvent les yeux...entka c un autre débat et je vais m'abstenir là-dessus...
Moi j'interviendrais car c la vie d'un ti être qui n'a jamais demandé de vivre...
M-C