Génération Google
7 décembre 2010 |
14h48
Temps de lecture 3 minutes
Par
François Drouin
Dans la vie, il y a les baby-boomers, la génération X, les Y et j'en passe. Si on se fie à ma date de naissance, je suis un X. Pas de quoi être fier, surtout avec l'image qui colle à ce fameux « X » depuis qu'une certaine radio de Québec se l'est appropriée. Si le corps accuse son âge, la tête, elle, est ailleurs... dans « Google » !
Eh oui, j'ai réalisé que je fais partie de ces cosmonautes du nouvel univers, qui, bien que virtuel, occupe beaucoup de mon temps réel. Je suis de la « Génération Google ». En fait non. Vu mon âge, je suis de la génération AltaVista, son ancêtre. Du temps où choisir entre Netscape et Netscape Communicator déchaînait les passions.
Je suis un dinosaure informatique recyclé en « Googueleux ». C'est que le Web, et c'est exponentiel depuis l'arrivée du tandem Google - Wikipédia, sustente chacune de mes nombreuses interrogations. La différence, c'est qu'ils le font mieux et plus rapidement qu'avant, et, cerise sur le gâteau, en moins de cliques.
Il fut un temps, pour cuisiner, on référait à maman ou grand-maman. Aujourd'hui, je demande à Google. Un oeuf dur c'est combien de temps? Ça vous semble stupide, alors posez la question autour de vous, 8 minutes, 15 minutes, 3 minutes, chacun à sa « recette ».
Cette semaine, j'ai enfilé mon costume de Bob le bricoleur pour me lancer dans la conception d'une bibliothèque. Quand est venu le moment de faire la première mortaise, un doute m'a assailli. J'ai questionné Google, cliqué sur vidéo et non seulement j'avais les explications, mais j'en avais [bruit de trompette] la démonstration.
C'est tout bénef Google. Il y a tout. Il y a Wikipédia, la génialissime encyclopédie libre que même ma fille de 5 ans peut utiliser. Je vous entends amis googueleux, chanter en coeur, « Plus besoin de chercher, Google est là ». Mais il y a un hic. En dehors de Google, comment cherche-t-on? Sans Wikipédia, comment trouve-t-on une référence?
Encore la semaine dernière, une connaissance qui enseigne au Cégep de Rivière-du-Loup me racontait à quel point ses étudiants ont été déstabilisés lorsqu'ils ont dû effectuer un travail de recherche, mais sans avoir accès à Internet. Est-ce dire que la recherche documentaire se meurt? Je me pose la question. Moi-même à la bibliothèque, je me sens parfois perdu.
Google et Wikipédia sont si rassurants. Une requête, une réponse. Mais la même réponse, la même source à tous. C'est une convergence de l'information qui devient unique. C'est dangereux. Diversifier ses sources devient donc un geste délibéré et qui demande un effort volontaire, alors qu'il y a 10 ans à peine, c'était automatique. Nous perdons cette richesse fondamentale qu'est le droit de choisir. La source est unique. « Être ou ne pas être avec Wikipédia », aurait pu écrire Shakespeare.
Quant à Google, il suffit de savoir référencer votre sujet et votre réponse devient LA réponse. Celle qui apparaît toute en haut de la page 1. Et forcément, si elle y est, tout en haut, c'est qu'il s'agit de la bonne, c'est logique. Et si la réponse à votre question n'y est pas, c'est qu'elle n'existe pas, voyons! Pourquoi aller voir ailleurs?
Le Web a changé notre façon de vivre. De rechercher et de lire aussi. Maintenant on zappe comme à la télé, mais en mode lecture. Personnellement, je me rends compte que j'éprouve de plus en plus de difficulté à lire un document volumineux sans avoir le réflexe d'en sauter une partie. Mon oeil balaye les pages comme s'il cherchait un hyperlien. En fait, il cherche le fameux mot clé.
Je cherche maintenant l'information directe, sans fioriture, sans image littéraire, sans poésie. C'est l'effet Twitter et Facebook. Sautons les préliminaires, allons droit au but, et en 140 caractères siouplaît! C'est comme le sexe chez les ados. Qui a dit que l'évolution de l'homme était terminée? Non seulement nous sommes en profonde période de changement, mais ces changements s'accélèrent maintenant de façon exponentielle. Et un peu grâce à Google et cie.
Si l'on parle encore d'un univers virtuel, le fossé qui se creuse maintenant entre les générations et quant à lui, bien réel.
Nous avons gagné des canaux de communication extraordinaire, mais force est d'admettre que la poésie, les tournures de phrases à la Proust n'y ont plus guère de place. Dommage...
Eh oui, j'ai réalisé que je fais partie de ces cosmonautes du nouvel univers, qui, bien que virtuel, occupe beaucoup de mon temps réel. Je suis de la « Génération Google ». En fait non. Vu mon âge, je suis de la génération AltaVista, son ancêtre. Du temps où choisir entre Netscape et Netscape Communicator déchaînait les passions.
Je suis un dinosaure informatique recyclé en « Googueleux ». C'est que le Web, et c'est exponentiel depuis l'arrivée du tandem Google - Wikipédia, sustente chacune de mes nombreuses interrogations. La différence, c'est qu'ils le font mieux et plus rapidement qu'avant, et, cerise sur le gâteau, en moins de cliques.
Il fut un temps, pour cuisiner, on référait à maman ou grand-maman. Aujourd'hui, je demande à Google. Un oeuf dur c'est combien de temps? Ça vous semble stupide, alors posez la question autour de vous, 8 minutes, 15 minutes, 3 minutes, chacun à sa « recette ».
Cette semaine, j'ai enfilé mon costume de Bob le bricoleur pour me lancer dans la conception d'une bibliothèque. Quand est venu le moment de faire la première mortaise, un doute m'a assailli. J'ai questionné Google, cliqué sur vidéo et non seulement j'avais les explications, mais j'en avais [bruit de trompette] la démonstration.
C'est tout bénef Google. Il y a tout. Il y a Wikipédia, la génialissime encyclopédie libre que même ma fille de 5 ans peut utiliser. Je vous entends amis googueleux, chanter en coeur, « Plus besoin de chercher, Google est là ». Mais il y a un hic. En dehors de Google, comment cherche-t-on? Sans Wikipédia, comment trouve-t-on une référence?
Encore la semaine dernière, une connaissance qui enseigne au Cégep de Rivière-du-Loup me racontait à quel point ses étudiants ont été déstabilisés lorsqu'ils ont dû effectuer un travail de recherche, mais sans avoir accès à Internet. Est-ce dire que la recherche documentaire se meurt? Je me pose la question. Moi-même à la bibliothèque, je me sens parfois perdu.
Google et Wikipédia sont si rassurants. Une requête, une réponse. Mais la même réponse, la même source à tous. C'est une convergence de l'information qui devient unique. C'est dangereux. Diversifier ses sources devient donc un geste délibéré et qui demande un effort volontaire, alors qu'il y a 10 ans à peine, c'était automatique. Nous perdons cette richesse fondamentale qu'est le droit de choisir. La source est unique. « Être ou ne pas être avec Wikipédia », aurait pu écrire Shakespeare.
Quant à Google, il suffit de savoir référencer votre sujet et votre réponse devient LA réponse. Celle qui apparaît toute en haut de la page 1. Et forcément, si elle y est, tout en haut, c'est qu'il s'agit de la bonne, c'est logique. Et si la réponse à votre question n'y est pas, c'est qu'elle n'existe pas, voyons! Pourquoi aller voir ailleurs?
Le Web a changé notre façon de vivre. De rechercher et de lire aussi. Maintenant on zappe comme à la télé, mais en mode lecture. Personnellement, je me rends compte que j'éprouve de plus en plus de difficulté à lire un document volumineux sans avoir le réflexe d'en sauter une partie. Mon oeil balaye les pages comme s'il cherchait un hyperlien. En fait, il cherche le fameux mot clé.
Je cherche maintenant l'information directe, sans fioriture, sans image littéraire, sans poésie. C'est l'effet Twitter et Facebook. Sautons les préliminaires, allons droit au but, et en 140 caractères siouplaît! C'est comme le sexe chez les ados. Qui a dit que l'évolution de l'homme était terminée? Non seulement nous sommes en profonde période de changement, mais ces changements s'accélèrent maintenant de façon exponentielle. Et un peu grâce à Google et cie.
Si l'on parle encore d'un univers virtuel, le fossé qui se creuse maintenant entre les générations et quant à lui, bien réel.
Nous avons gagné des canaux de communication extraordinaire, mais force est d'admettre que la poésie, les tournures de phrases à la Proust n'y ont plus guère de place. Dommage...
Commentaires
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5 commentaires
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Mais qu'adviendra-il du bon vieux livre en papier ? Que deviendront nos bibliothèques municipales ? De plus en plus d'éditeurs offrent des ebooks à leurs distributeurs.
Pour ma part, je resterai encore un inconditionnel du bon vieux bouquin aux coins tout rongés, à la couverture tachée du café matinal, avec des post-it un peu partout et des traces de surligneurs jaunes aux points d'intérêts.
Plus sérieusement, le temps des fêtes étant généralement plus « tranquille », je ne dis pas non pour m'attaquer à cette brique. Merci du tuyau.