Jamais sans mon reportage, la suite!
François Drouin
Vendredi dernier, la Ville de Rivière-du-Loup a convoqué les médias à un briefing technique pour le lundi 28 novembre à 13 h 30. Un seul hic, « aucun reportage » ne pourrait être réalisé. Surprise, consternation et colère chez les journalistes avec lesquels j'ai pu échanger. Dans la foulée, j'ai publié un billet pour souligner ma surprise et mon indignation. Sur Twitter, la valse des messages directs a suivi. « Boycott, bâillon, une grosse bêtise. La Ville n'aura d'autre choix que de se raviser. » La confirmation est arrivée dimanche soir à 22 h 19. Le briefing n'est plus, vive la conférence de presse.
>> Suivez François Drouin (@F_Drouin) sur Twitter
Le briefing est passé à la trappe, mais force est d'admettre que mon malaise persiste. Cette invitation me reste en travers de la gorge. Comme une arête de thon. Et ça ne passera pas avec une simple gorgée d'eau et une bouchée de pain.
Lisez bien : « Notre objectif a toujours été de bien vous informer sur les conséquences du transfert de la desserte policière vers la SQ. Le briefing technique nous aurait permis d'aller plus en détail sur certaines informations, mais comme vous avez une préférence pour la traditionnelle rencontre de presse (…) »
Vous comprenez, c'est le thon, pardon, le ton qui se dégage. Un peu plus et c'est de la faute des maudits journalistes.
Ce n'est pas une arête, c'est une poutre qu'on vient de m'enfoncer dans la gorge. À quoi sert, Mme Bouchard, de bien nous informer, si nous ne pouvons en faire profiter le public. Un public dont c'est justement le compte de taxes qui se retrouve au centre de vos justifications. À quoi sert de nous donner les réponses, de nous permettre de comprendre tout le brillant de l'argumentaire municipal, si nous devons le garder pour nous.
Informer pour mieux bâillonner, voilà à quoi ça ressemblait. Ça en avait l'apparence, la forme et l'odeur. Vous me pardonnerez de ne pas avoir accepté d'y goûter.
Quelles sont donc ces informations si précieuses, si importantes, que les journalistes doivent absolument connaître, mais surtout pas le contribuable? Je travaille pour mes lecteurs, pour l'information, je n'ai que faire du reste. Généralement, quand on me met au « parfum », c'est pour me permettre de rapporter la vérité, non pas pour que je m'assoie dessus.
Quel gâchis. À bien y penser, j'aurais préféré une erreur de sémantique. À trop vouloir vendre son projet, la Ville risque de le torpiller elle-même.
François Drouin, Drouin et non « pigeon ».
Ajout : Par la voix de son président régional, Jean-Philippe Nadeau, la FPJQ s'est aussi élevée contre le briefing. Un peu tard, dimanche, juste avant que la Ville ne se ravise, mais n'empêche. La condamnation par cet organisme (dont je ne suis pas membre) est à mes yeux, lourde de sens.
« [...] La FPJQ croit que la ville détourne l’objectif d’un briefing pour faire de la censure. Elle condamne ce manque de transparence et rappelle qu’un élu ou une ville ne peut dicter à un journaliste s’il peut faire un reportage et quand il doit le publier. Le choix des sujets et la longueur d’un reportage appartiennent aux journalistes et aux entreprises de presse. Du même coup, la FPJQ déplore que les journalistes écopent dans le dossier du transfert des policiers municipaux vers la Sûreté du Québec alors que par leur travail, les médias ont pu informer les citoyens sur les enjeux, les coûts et les impacts de cette décision. [...] »
5 commentaires
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.
Mme Bouchard, voici une allusion afin de vous expliquer clairement et simplement la situation : Ce n'est pas que les journalistes préfèrent les patates... cé juste qui aiment pas ça manger d'la marde...
Les élus passent mais les cadres restent. Rappelez-vous en la prochaine fois.
Maudit que la Ville envoi pas le bon message. Une improvisation totale. C'est un bien triste spectacle. Et le thon me semble tellement hautain...
Le commentaire précédant : excellent!
Bravo monsieur Drouin et continuer de nous informer.