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Oxygène

durée 26 octobre 2022 | 13h46
Pierre Sénéchal
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Pierre Sénéchal

« Donnez-moi de l’oxygène. Donnez-moi… de l’oxyyyyygène » hurlait la diva Dufresne, à bout de souffle, exténuée. Elle savait transmettre parfaitement cette sensation horrible… Cet archétype, ce cauchemar récurant, mais surtout une réalité vécue par beaucoup trop de gens actuellement. Un véritable sentiment d’étouffement qui nous prend à la gorge, fragilisé par l’anxiété, la souffrance, la tristesse et la charge mentale, la MAUDITE charge mentale.

Respirer

La respiration : fonction biologique essentielle. Un processus vital pour tout être vivant qu’il soit microscopique, du monde végétal ou animal. À l’inverse, il y a l’étouffement. Celui auquel je fais allusion étouffe l’esprit. Il fait référence à tout ce qui peut miner la santé mentale d’un individu. Ironiquement on n’a jamais autant parlé de santé mentale et il n’y a jamais eu autant de détresse. Il y a là une part d’aveuglement volontaire, de tabous et d’ignorance crasse. Celle-là même qui confondait jadis schizophrénie et possession démoniaque, et combien d’autres dérives dans l’histoire de l’humanité qui ont occultées et brutalisées des gens en proie à des troubles mentaux. Un mal invisible, un appel d’air puissant qui nous aspire de l’intérieur.

Bouffée d’air

Parler de santé mentale ne suffit plus. Il faut affronter le monstre. En prévention, injecter plus d’humanisme et de bienveillance et être à l’affut sensible aux gens qui nous entourent. Également en soins, accueillir, soigner et guérir les gens qui sont en sont affectés. À deux pas de chez moi se trouve LA BOUFFÉE D’AIR, un organisme communautaire qui offre hébergement et services psychosociaux d’urgence pour les gens en difficulté. Actuellement, l’organisme, à bout de souffle, doit réduire son offre de service de nuit, faute de personnel. Pourtant le besoin n’a jamais été aussi criant. Tristement les conditions de travail et l’ampleur de la tâche plombent le recrutement. Alors, vers qui se tourner quand tout s’effondre ? Plus que jamais, la valorisation et le financement de la mission communautaire combinés à la bienveillance citoyenne sont nécessaires pour rapiécer le tissu social grugé par les mites de l’individualisme, du populisme et des récentes mesures pandémiques déshumanisantes.

En ce sens, une lecture m’a complètement bouleversé. Intitulé TOUT CE QUE J’AI FAIT POUR NE PAS QUITTER MA CHAMBRE, de Valérie Roch-Lefebvre. Le titre est évocateur. Un récit singulier et courageux qui ouvre sur le quotidien d’une personne aux prises avec des troubles d’anxiété, d’adaptation, avançant à l’aveugle dans sa propre vie. Comment continuer, faire semblant d’être fonctionnel, semblant de vivre. En guise d’introduction l’autrice dédit ce roman « À toute les personnes qu’on a renvoyées chez elles parce qu’il n’y avait plus de place ».

Bang ! Tout est dit.

Suffoquer

Présentement, l’actualité est suffocante. Suis-je seul à remarquer l’augmentation radicale de l’agressivité, des menaces, de l’intimidation un peu partout ? En politique, dans les médias, même dans le divertissement ? Ça donne le gout de tout sacrer là, d’aller vivre dans le fond du bois, ENCABANÉE, à la façon de Gabrielle Filteau-Chibas. Se couper de tout, reconnecter avec la nature, sa nature propre. Se protéger, envers et contre tous, de cette société toxique ou ont y respire la haine, le mépris, les mensonges. De l’arsenic aussi, répandu à tout vents, en toute impunité par des « créateurs de jobs », avec l’approbation de la santé publique. Pour peu, on se fait presque dire que l’arsenic, à petite dose, c’est bon pour la santé. Quand je parle de trucs qui me font suffoquer, le dossier de la fonderie HORNE, s’en est un.

Bref, l’oxygène constitue environ 21 % de l’air que nous respirons. Pour le reste il y a un peu de tout. Une métaphore qui invite en urgence à assainir nos esprits. Éliminer les idées toxiques qui contaminent notre quotidien. Ça exige du courage. Pas celui qui propulse le héros à combattre seul 10 000 ennemis, nanon. Je parle du vrai courage. Celui de se lever chaque jour, de poser des gestes altruistes, dénués d’intérêt, faisant preuve d’empathie, de bienveillance et d’indulgence. Ça, c’est TOUGH. La preuve ? Depuis toujours, l’humanité en est incapable, sauf si elle est acculée au bord du gouffre, un pied dans le vide, à hurler, à suffoquer…

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