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Fou

durée 23 novembre 2023 | 16h07
Pierre Sénéchal
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Pierre Sénéchal

Un mot tout simple d’usage commun, mais qui, tel un prisme, comporte une multitude de facettes qui proposent un large éventail de significations. Issu du latin Follis qui signifie gonflé, rempli d’air, le mot fou est plus habituellement attribué aux personnes atteintes de désordres mentaux. Au sens plus large, il peut également s’attribuer gentiment à ce qui est enfantin, divertissant, drôle et bienfaisant. Les émotions peuvent également se décliner dans la folie de façon spectaculaire que ce soit l’amour, la haine, le désespoir, la joie… ou dans l’extravagance, le déraisonnable, l’imprudence ou la malversation, ce qui est fou est partout autour de nous.

Émotif

Je trouve absolument fascinant de constater que l’utilisation du mot fou tire son sens véritablement dans l’émotion avec laquelle il est amalgamé. De ce Mononcle Fernand, boutentrain et bienveillant qui agrémente la vie de ses proches à coup de blagues et de frasques nous dirons bien sûr qu’il est fou. Par contre, quand une femme de Milwaukee, d’une voix sombre, affirmera qu’elle a déjà été la voisine d’un fou nommé Jeffrey Dahmer, convenons que nous sommes dans quelque chose de totalement différent. Prenons la mesure de l’importance des émotions dans la communication humaine pour dicter le sens réel des mots que l’on choisit d’utiliser pour définir notre pensée et nos réflexions.

Sagesse

Jean Cocteau disait «la sagesse c’est d’être fou quand les circonstances en valent la peine». Manière de dire qu’il faut savoir s’animer d’une certaine folie pour magnifier le moment, briser la morosité et vivre avec audace et courage au-delà de ce que nous nous serions permis de faire habituellement. Parce que Cocteau parle d’abord et avant tout de sagesse dans cette folie pour justifier l’audace d’un choix en apparence extravagant, mais qui au final aura été judicieux.

Être fou quand les circonstances en valent la peine c’est véritablement oser le mieux pour changer positivement les choses. C’est de gagner la coupe Grey quand tout le monde considère que ton équipe est la pire de la ligue. C’est de faire comme Arbre évolution et de planter des arbres, de mettre en œuvre un audacieux programme de reboisement social à la disposition des communautés et des entreprises pour revitaliser les écosystèmes et favoriser une véritable symbiose entre la forêt et l’humain.

Fou

À l’inverse, nous sommes submergés d’une quantité hallucinante de fausses bonnes idées qui me laisse à songer que ce monde et les gens qui nous gouvernent n’ont absolument rien comprit de l’essentiel la pensée de Cocteau citée plus haut. Le bédéiste Quino (créateur de Mafalda) disait «Une puce ne peut piquer la locomotive, mais elle peut rendre fou le machiniste». Cette puce représente pour moi ce genre de petite idée absurde qui ne peut naitre que dans l’esprit d’un fou, mais qui, sans qu’on ne comprenne trop pourquoi, fait son chemin, gonfle et finit par aboutir et s’incarner dans le réel à la stupéfaction de tous. Une idée si répulsive qu’elle ne saura engendrer que grogne et mécontentement. Le genre de truc duquel on dire «Mais c’est qui le maudit fou qui a pensé à ça ?»

Voilà l’effet que la nouvelle de l’octroi stupide de 5 à 7 millions d’argent public aux Kings de Los Angeles m’a provoqué. C’est tellement absurde qu’à l’annonce même de la nouvelle j’étais convaincu que c’était un canular, une joke plate, une chanson des Denis Drolet… Francis Reddy c’est des ciseaux… François Legault donne 7 millions aux Kings pour pratiquer à Québec. Ben non, force est d’admettre qu’il y a vraiment un fou quelque part qui a réussi à convaincre mon gouvernement de faire ça. Complètement pantois et abasourdi par cette initiative idiote, je me suis alors remémoré cette très célèbre citation de Charles Bukowski

«J’ai un projet, devenir fou»

 

 

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