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Métronomie

durée 26 janvier 2024 | 16h22
Pierre Sénéchal
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pierre Sénéchal

J’ai revisité récemment une œuvre musicale exceptionnelle : Koyaanisqatsi du compositeur Philip Glass dont la musique m’accompagne et m’habite depuis quatre siècles. Une expérience transcendante qui porte une réflexion sur la vie déséquilibrée (Life out of balance) société de consommation qui propulse l’humanité à sa perte dans un mouvement régulier, continu, infini… juste qu’à plus rien.
 
La musique de Glass élève l’esprit, ouvre sur un espace contemplatif propice à la réflexion et à l’enrichissement spirituel. S’inspirant des prophéties Hopis, de la folie des hommes et alliant les chants monastiques aux synthétiseurs, Glass offre une musique profonde, envoutante, obsédante. Indissociable de la musique, Koyaanisqatsi c’est aussi un film hallucinant qui met en image cette vie ‘’out of balance’’, cette valse de la fin du monde dans toute sa splendeur. Et pour ceux qui ne l’auront pas encore saisie, Koyaanisqatsi ce n’est rien de moins qu’un requiem.

Rythme

Le sens du mot métronomie est plus qu’intéressant. En fait il se rapporte à l’utilisation du métronome, instrument marquant le rythme en musique, selon la vitesse et la fréquence à laquelle on souhaite l’utiliser. J’y vois une analogie avec le rythme et le sens que l’on donne à notre propre existence, à l’ajustement nécessaire de la vitesse et de l’efficacité  qui est exigé de nous dans cette vie et l’essoufflement qui s’en suit. Trop souvent cette impression que notre esprit est envahi par des hordes barbares qui brulent nos terres intérieures, nos meilleurs sentiments ne laissant que poussière et dévastation. Pour réellement apprécier le quotidien, les gens que l’on chérit et se sentir en harmonie, il faut accepter de ralentir le rythme, réajuster le métronome, réduire la cadence et maintenir l’équilibre. La métronomie c’est essentiellement ça, user de sagesse et ajuster la cadence pour se donner le pouvoir de contrôler le rythme qui nous permettra de devenir la meilleure version de nous même… l’apprentissage d’une vie diront certains.

Ralentir

Usons de métronomie pour ralentir le rythme de notre propre vie, pour s’offrir une meilleure appréciation du temps qui nous est attribué, pour mieux faire les choses, avec souplesse, humanisme et satisfaction. Dans un processus d’apprentissage cohérent, il est souhaitable de procéder lentement pour entrainer le mouvement, développer la dextérité et consolider l’exécution. En musique c’est une méthode extrêmement efficace.

Au fil des 40 dernières années, c’est la grande leçon que j’ai retenue de la musique de Philip Glass : dans ce monde fou où tout va trop rapidement, il faut absolument ralentir la cadence pour garder le rythme, notre propre rythme. Avancez vers l’inconnu, ne regardez pas trop en arrière, abandonnez les casseroles et  délestez-vous du non nécessaire.

Alegro

Pour se donner un rythme propre à soi, il est absolument essentiel d’apprécier, autant que possible, le moment présent. Ce processus s’incarne dans toutes les sphères de notre vie par des choix judicieux, un engagement sincère dans ce que l’on fait, mais surtout pour les gens qui nous sont le plus précieux. Un peu à l’image de la musique qui offre une structure solide, nous pouvons y insérer une bonne part d’improvisation.  … pour combler les zones d’incertitudes.

Postpandémie, j’avais moi-même quelques abysses à garnir, comme nous tous d’ailleurs. Une partie de la solution se trouvait à quelques jets de pierre de chez moi. Chez Métronomie, notre boutique d’instrument de musique à Rivière-du-Loup. À moins de 500 mètres de la maison, j’ai pu retrouver le rythme, ralentir le tempo, me racheter une guitare. Métronomie c’est aussi Richard, musicien exceptionnel et conseiller extrêmement perspicace. Ce gars-là m’a redonné le gout de jouer de la musique, rien de moins. Au fil de mes visites à la boutique et de nos jasettes à cordes rompues, Richard ne vend pas des guitares, il te parle de musique, de l’histoire passionnante de certaines guitares et de tout le sérieux qu’exige la maitrise d’un instrument.

Je vous invite donc à rechercher ces initiatives, hors du temps et des contraintes, qui sauront libérer vos espoirs et combler ces espaces sombres propices à l’appel du vide. Se faisant, elles permettront un temps de vous extirper de cette routine rouleau compresseur pour ralentir la cadence et maintenir le rythme, le mouvement de vie … et justement rendre la vôtre un peu plus lumineuse.

P.S . Prescriptions culturelle de la nouvelle année.
Kourage : Benoit Ouellet qui nous honore de son nouvel album mettant en scène son mélancolique personnage. Le premier extrait sonne comme une douzaine d’ogives nucléaires. J’ai tellement hâte d’entendre la suite… très prometteur.
THE INNOCENTS (De Uskildige) D'Eskil Vogt, 2021. Un film audacieux, dérangeant, vous êtes avertis.
Et le vent du fleuve souffle actuellement entrainant avec lui quelques notes et paroles ici et là vers Cacouna. Cet été,  la brise me confie que le rockonteur sera de retour, plus électrique…

 

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