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Machine

durée 28 mars 2024 | 10h38
Pierre Sénéchal
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Pierre Sénéchal

Lorsque l’on fait allusion à la machine, on réfère généralement à un objet fabriqué par l’homme dont l’utilité est de transformer l’énergie en force de travail, sorte de prolongement mécanique de l’activité humaine assigné à des tâches volumineuses. C’est en quelque sorte l’apothéose du génie humain dans sa propension à développer, hors de lui, des objets et des systèmes autonomes pouvant accomplir des tâches et d’opérations complexes. Au point de rupture, l’humanité engendre donc quelque chose qui risque de l’avaler complètement  un bon moment donné.

Système

Cette métaphore, elle prend tout son sens avec «Welcome to the machine» de Pink Floyd, chanson cruelle et lucide traitant d’une vie sans espoir qui plonge l’humanité dans une vie absurde, un univers social meublé de systèmes, de conventions, de lois et de procédures qui nous broient telle une machine. Avec le temps et surtout avec la naissance de mes enfants, j’ai expérimenté avec douleur la juste mesure de la lourdeur, de l’angoisse et du désespoir portés par la musique et les paroles de Roger Water. Simplement, l’entendre réciter «Welcome my son, welcome to the machine…»

Engrenages

Vendredi soir, soir de théâtre à Rivière du loup, je cours à la représentation de ROSE ET LA MACHINE de Maude Laurendeau, qui nous partage le grand vertige de son vécue de maman lorsqu’elle a été foudroyée par le diagnostic de trouble du spectre de l’autisme de sa fille Rose. Elle nous expose courageusement sa quête de réponses et ressources dans les méandres dysfonctionnels du système de santé puis de l’éducation ou rien n’est automatique pour les enfants neuroatypiques et les parents désemparés. Welcome to the machine …
Empreint d’amour et d’humanité, cette pièce nous éveille au phénomène de la neurodiversité, mais également aux contorsions surhumaines exigées aux parents pour offrir des services adaptés pouvant garantir le développement optimum du potentiel de leur enfant. Maude Laurendeau y interprète son propre rôle avec sensibilité et justesse, le cœur à nu, vulnérable et seule face à une horde de secrétaires, professionnels, enseignants, directeurs, 43 au total, toutes jouée par la remarquable Julie Le Breton.  La mère étant le cœur de cette fresque, Julie Le Breton en est le poumon, alternant les personnages, soulignant les malaises et confirmant l’absurdité de ces systèmes de santé et d’éducation, eux-mêmes autistiques, qui sont envahis par une quantité hallucinante d’informations, mais incapable d’engendrer des résultats concert, tangible.

Pièce

Le théâtre documentaire a ce pouvoir de magnifier le réel telle une fable pour permettre d’ouvrir le dialogue et la réflexion sur les enjeux au cœur de notre vécu collectif. La parentalité n’est pas une posture simpliste, c’est un processus qui impose plusieurs niveaux de responsabilités et d’implications. ROSE DANS LA MACHINE porte une réflexion nécessaire sur notre propre vulnérabilité face aux défis-difficultés que devront affronter nos enfants, également notre désir de les protéger de tout. Parce que s’il y a une chose que la parentalité a su faire naitre en moi, c’est la peur, émotion brutale qui fait craindre le pire … pas pour soi, mais pour les êtres que l’on aime plus que nous même.

Prescription musicale

Welcome to the machine. Pink Floyd.
The Beach. Warren Ellis et Nick Cave.
La maudite machine. Octobre.
Dark ages. NoMeansNo

 

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