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Sons

durée 27 août 2024 | 16h16
Pierre Sénéchal
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Pierre Sénéchal

Poc- Poc- Poc … Pfffff … Poc- Poc … Siiiiiiiiiiiii … Poc- Poc ………………………… Poc.

Une cacophonie, des bruits envahissant mon palais auditif et cette douleur lancinante qui prend racine, se persille dans mon conduit auditif et irradie telle une brulure interne tout le long de ma nuque. Pas toujours mais cette sensation, ce band hardcore industriel fondé à même les lésions et l’usure de mon oreille interne, revient de temps en temps, sans prévenir, au gré de la fatigue et des vibrations qui s’infiltrent vicieusement provocant ce phénomène hautement désagréable appelé … acouphène.

Dans la chanson L’église de St-Bernard, Ptit Belliveau ne faisait surement pas référence à ce mal auditif. Pourtant samedi, dans l’église de St-Éleuthere, en proie à une solide crise d’acouphène, ses paroles me sont instantanément revenues en mémoire.
Pis dans ma tête y'a un singe enragé
Il boit d'la bière
Il clappe ses mains
Il tape du pied
C'est mon chum
Oullement d'la misère d's'concentrer
Avec c'te type là de roommate
Paye jamais d'rent
Non pas un cent
Mais un frère c'tun frère jusqu'au semaine

FRÉQUENCES

L’acouphène, c’est un mal de l’intérieur lié à un traumatisme, à l’usure précipitée de l’appareil auditif, un mal vicieux et lancinant qui, c’est le cas de le dire, te joue continuellement dans la tête jusqu’à mener dans les cas les plus graves un individu au seuil de l’intolérable, de la folie. Dans mon cas c’est plus bénin, entre l’inconfort et un seuil de douleur tolérable.

Ma grande angoisse nait cependant de l’usure et de la perte d’acuité généralisée affectant mes sens, ce qui avec le temps risque d’altérer de façon permanente ma perception du monde tel que je le perçois. C’est le cas avec ma vue, mon odorat, dans une moindre mesure avec le toucher et le gouter et depuis quelque temps de façon plus prononcé avec mon audition. Les sens sont les capteurs qui nous permettent d’interagir avec notre environnement. Sans eux, nous ne sommes qu’une pièce de viande, une carcasse, rien de plus.


SONAR

L’acouphène c’est comme tenter d’écouter en ayant la tête sous l’eau. Les sons se rendent à toi, mais altérés, vidés de leur sens, désincarnés et approximatifs. Les sons, ce sont des voix, la rumeur ambiante, le vent qui siffle et laisse chanter les feuilles des arbres … c’est aussi la musique.

J’ai le bonheur de vivre au son des enfants qui rient, de gens infiniment plus brillants que moi qui m’aident à réfléchir et mieux comprendre le monde dans toutes ses subtilités ... Dans une ville où les sons se transforment continuellement en notes de musique. Tendez l’oreille et écoutez … j’y entends Mathieu Stellaire, Le Poirier Orkestra, Loïc Lafrance, Collation, Kourage, Olivier Martin, Éric Gagné (porté par la brise de Cacouna). Même que certains soirs, au gré des vents favorables et de la tranquillité ambiante, on y entend le son du saxophone de Bou, délicat et mesuré, à la Coltrane. Ces soirées-là, j’étire ma promenade Round Midnight. Comme quoi la perte de sens induit parfois la quête de ceux-ci. Dans pas long je vais vous parler du Sonar et du son de Rivière-du-Loup, parce que oui, il y a vraiment un «son Rivière-Du-Loup»

«N’ayez pas peur des fausses notes … ça n’existe pas» - Miles Davis.

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